12 octobre > Document France > Leïla Miñano

Dès que l’on travaille sur un sujet sensible, et l’actualité n’en manque pas en ce moment, une guerre civile par exemple, ou un fait divers, il est bien difficile de rester, sinon objectif, du moins équitable, au risque de perdre en crédibilité. Leïla Miñano, membre du collectif de pigistes Youpress, consacre un document à la prise de Palmyre par Daech, en 2015, à ses causes et à ses conséquences, puis à la reconquête, un an plus tard, de la cité doublement martyre : les ruines antiques saccagées et la ville moderne de Tadmor dévastée, la population bombardée, décimée, ou réfugiée en Turquie. C’est là, essentiellement, qu’elle a mené son enquête, confessé des témoins ou des acteurs de la tragédie, dont elle conte les histoires d’une manière "dramatisée", comme à la télé.

A partir de quoi elle échafaude une thèse, présentée comme certaine : ce serait le gouvernement syrien qui, dès le printemps 2015, informé de l’offensive imminente des terroristes contre Palmyre, à la fois symbole d’une culture et l’un des carrefours stratégiques du pays (pétrole, gaz naturel…), aurait "lâché" la ville, jugée indéfendable, pour concentrer son armée sur d’autres points, estimés plus vitaux, selon le plan "Syrie utile".

C’est peut-être vrai. D’autres journalistes parlent de pagaille, d’impréparation, de trahisons, de complicités douteuses, de trafics. On saura un jour, sans doute, l’exacte vérité, une fois la paix revenue et les propagandes amuïes. Ce livre en participera, qui a le mérite de s’attacher aux civils, premières victimes de la barbarie, d’où qu’elle vienne. J.-C. P.

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