23 mai > Essai France > Jean-Claude Chamboredon

On ne pense pas tous les jours à Emile Durkheim. Cela se comprend. Ce fondateur de la sociologie est mort il y a un siècle. Pourtant, ce qu’il a construit nous concerne toujours. Il a fait du social un objet de science. Sans lui, il n’y aurait pas d’études statistiques, de sondages, d’études, bref la société ne serait pas un être vivant sur lequel on peut porter un diagnostic. Mais pour en faire quoi ? C’est l’objet de cette réflexion pointue qui nous éclaire non seulement sur cette science mais sur ce qu’elle étudie.

Jean-Claude Chamboredon fait en quelque sorte la sociologie de la sociologie en s’intéressant au personnage de Durkheim, ce fils de rabbin héritier du positivisme. Il établit des passerelles entre le savoir qu’il développe dans une société nouvelle après le traumatisme de 1870 et son engagement de citoyen juif dans une jeune république éclairée, avec un Etat qu’il voit comme un "organe de réflexion" par lequel "s’organise la vie morale du pays". Dans ce contexte, il veut fonder une science du social.

Dans ce long article publié initialement en 1984 dans la revue Critique, ce spécialiste de Raymond Aron (Rue d’Ulm, 1999) et de la jeunesse (2015) remarque combien cette science nouvelle s’est construite en ramenant les faits moraux aux faits sociaux. Pour cela, Durkheim veut donner à cette jeune discipline des outils utilisés par les mathématiques ou par la médecine pour forger une théorie de la connaissance du social détachée de l’écume politique. Mais sans pouvoir s’abstraire totalement du sujet qu’il étudiait.     L. L.

Les dernières
actualités