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L’énigme Hitler

Hitler et Mussolini assistent à un défilé lors de la visite officielle de Mussolini à Munich en 1937. - Photo Domaine Public

L’énigme Hitler

Le premier tome de la monumentale biographie de Volker Ullrich tente une nouvelle fois de saisir la personnalité du Führer.

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Par Laurent Lemire
Créé le 06.01.2017 à 00h33 ,
Mis à jour le 09.01.2017 à 18h51

Le sujet Hitler paraît sans fin. Plus de 120 000 travaux ont été produits. En quelques décennies, le Führer est devenu une "icône pop de l’horreur" et hélas aussi une aubaine commerciale. Après Alan Bullock, Joachim Fest et Ian Kershaw, Volker Ullrich s’est lancé dans l’aventure. De ce premier volume, paru en Allemagne en 2013, on retiendra un grand axe : comment expliquer la domination mondiale de cet homme intellectuellement étriqué ?

A la différence de Kershaw qui aborde Hitler par les structures du pouvoir national-socialiste, Ullrich tire le fil psychologique d’une vie qui a tout du banal mais qui ne le fut pas. L’historien et journaliste - il a tenu la rubrique du livre politique dans le quotidien Die Zeit - suit pas à pas Hitler, de son enfance à son accession au pouvoir. Il interroge comme ses prédécesseurs les archives, les témoins, les commentateurs pour comprendre la personnalité d’Hitler.

Les premières années sont les plus intéressantes. On y voit l’adolescent irritable, l’artiste raté, l’autodidacte boulimique, le caporal anonyme, le végétarien mangeur de gâteaux, l’"agitateur de cave à bière" qui fascine d’abord par l’intensité de son regard, puis par sa voix qu’il travaille comme un outil pour convaincre. On y voit aussi se constituer autour de lui la bande de tous ceux qui formeront le cœur du IIIe Reich.

On suit à la trace cet homme qui dissimule sa vie privée pour faire croire qu’il ne se consacre qu’à son peuple. Or il eut des relations, plutôt funestes il est vrai, avec des femmes toujours plus jeunes que lui, qu’il pouvait modeler à sa guise. Sa nièce Geli Raubal se suicida dans son appartement à Munich en 1931, Eva Braun se donna la mort à Berlin en 1945 dans son bunker.

Dès les années 1920, Hitler devient un antisémite fanatique. "Il ne fait aucun doute, explique Ullrich, que le climat politique qui régnait à Vienne a influencé ce jeune homme réceptif aux slogans extrémistes." Plus tard, à Munich, il absorbe "comme une éponge cette ambiance antisémite en expansion" qu’il traduira en politique d’extermination.

Ce premier volume s’achève en avril 1939, après l’entrée des troupes allemandes à Prague, avant la signature du pacte germano-soviétique, à la veille de l’invasion de la Pologne. Ullrich ne propose pas d’interprétation nouvelle. Il raconte, fort bien d’ailleurs. Le pathologique disparaît sous le normal. Le diabolique s’efface devant la faiblesse des nations. Cet inexorable-là n’en est que plus inquiétant. L. L.

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