21 septembre > BD France > Victor Hussenot

Revoici Victor Hussenot, à la fois l’auteur, né en 1985, et le personnage, observateur curieux et engagé de sa propre vie et de celles de ses congénères. On avait découvert les deux simultanément avec Les spectateurs (Gallimard BD, 2016) (1), dans lequel il ou plutôt ils questionnaient, entre philosophie et poétique, notre identité d’humains et notre rapport au monde. Cette fois, avec le même dispositif très mobile, qui le montre occupant dans son propre livre des positions et des lieux différents, le dessinateur met son art de la composition et sa maîtrise des couleurs, dont le chatoiement s’adapte aux phases de son propos, au service d’une réflexion intime et néanmoins scientifiquement étayée sur le temps.

Plus on vieillit, plus le temps semble s’accélérer, observe le dessinateur, qui s’étonne aussi de sa plasticité, de sa mobilité, de son caractère aléatoire, notant que chacun a finalement sa propre définition du temps. Le voici enquêtant, se forgeant ses propres représentations et tentant de les confronter à d’autres. Le voici s’interrogeant sur les outils mathématiques, philosophiques, historiques ou psychologiques permettant d’appréhender une notion dont il fait ressortir toute la complexité.

Par rapport à son album précédent, Victor Hussenot perd malheureusement en poétique ce qu’il investit en didactique. Cependant, évitant de verser dans le documentaire pédagogique, il creuse avec subtilité, dans une économie de texte, en exploitant toutes les possibilités de construction du 9e art, le sillon d’une bande dessinée méditative et philosophique, originale et novatrice. Fabrice Piault

(1) Voir LH 1062, du 13.11.2015, p. 50.

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