Sa carrière d’ogre, Petit Georges l’a inaugurée en dévorant sa petite sœur âgée de quelques mois. Avant cet "incident fondateur", il était aussi sympa qu’un autre. Peut-être un poil plus gourmand. Chassé des pénates familiaux, il se cache dorénavant au fond des bois, se nourrissant de promeneurs. Aucun cependant n’a le goût de chair tendre de son inoubliable premier repas. Un jour, alors qu’il est caché parmi les fougères, un sorcier tente de le cribler de fléchettes enduites d’un puissant narcotique. Le plan échoue, mais Petit Georges tombe dans un profond sommeil de plusieurs siècles. Au réveil, il est couvert de toiles d’araignées et ses ongles mesurent dix centimètres ! Le monde a bien changé : les hommes ont maintenant presque tous un objet rectangulaire vissé à l’oreille. Même le goût de la chair humaine n’est plus le même. Un jour, l’ogre tombe sur un os. Enfin, si l’on peut dire, car l’os en question était en acier… Cet incident de parcours lui fait perdre presque toutes ses dents. Or qui dit dents dit puissance. La commissaire Nadine Gondrand, lancée à la poursuite du cannibale, en sait quelque chose. Elle qui lorgne les incroyables pouvoirs magiques de ces quenottes : don de faire apparaître des gâteaux, don de passe-muraille, etc. Rythmées par des dévorations en tout genre, ces aventures rocambolesques sont impayables. La scène où Petit Georges s’imagine à la tête d’un "humainailler", sorte de poulailler où les gallinacés seraient remplacés par des bébés et où il pourrait chaque matin aller se repaître de chair fraîche, est tordante. Pour l’illustration de cette page, le grand Gaëtan Dorémus aussi s’est lâché. Fabienne Jacob