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L’homme qui n’était pas qu’un poivrier

Cédric Meletta - Photo Loic Nicolas/Séguier

L’homme qui n’était pas qu’un poivrier

Cédric Meletta restitue avec Porfirio Rubirosa, tout à la fois playboy, diplomate, homme de main d’un dictateur, joueur, noceur, espion, gigolo et pilote de course, un monde englouti.

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Par Olivier Mony
avec Créé le 02.02.2018 à 00h37

Si son entrée sur scène, c’est-à-dire pour l’essentiel dans le lit de différentes dames, demeure incertaine, il faut bien reconnaître que Porfirio Rubirosa n’a pas raté sa sortie. Une Ferrari 250 GT contre un arbre du bois de Boulogne à la sortie d’un night-club. Ça vous a, en ce temps-là (le 5 juillet 1965, pour être précis), une gueule à la Camus, à la Nimier, qui pose son homme. Pour le reste, parmi une palanquée d’épouses et quelques lointaines mentions dans des livres de Patrick Modiano, Rubirosa paraissait n’avoir légué à la postérité qu’un modèle de poivrier, pour des raisons que la décence nous empêche de révéler ici. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

On aurait pourtant tort d’accabler de son mépris la mémoire du beau Porfirio. C’est ce qui ressort de la lecture de Tombeau pour Rubirosa, la fascinante et inspirée promenade biographique que lui consacre Cédric Meletta (que les "héros" entre chien et loup ne laissent visiblement pas indifférent, si l’on en croit son livre précédent, publié en 2013 chez Perrin et consacré au journaliste Jean Luchaire, fusillé en 1946…). Rubirosa n’est que le produit de son époque et de son monde. Ce fils d’une riche famille dominicaine et qui sa vie durant passa plus de temps en France que partout ailleurs était chez lui partout pour peu qu’il y ait des femmes, des boissons fortes et de somptueuses propriétés pour l’accueillir. Le secret de son charme (Danielle Darrieux, Marilyn Monroe, Ava Gardner, Zsa Zsa Gabor, Hélène Rochas, tout de même…) était de voyager léger, c’est-à-dire de ne pas s’embarrasser à l’excès de scrupules moraux. Il fricotera donc avec les nazis, Vichy, et épousera en premières noces la fille de l’abject dictateur dominicain Trujillo. Il sortira de ces péripéties à peine plus froissé que ses costumes de tweed après une nuit de bamboche. La vie lui fut un songe aux accents de jazz et de calypso. Qui s’interrompit dans un fracas de tôle. C’est parfois ainsi que les époques donnent congé.

Olivier Mony

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