Succès de la programmation
Dès vendredi après-midi cependant les visiteurs, plan en mains et nez levé vers le nouveau grand écran qui diffusait des informations sur la manifestation, ont peu à peu retrouvé le chemin du salon. L’affluence est montée crescendo durant le week-end avec un point d’orgue samedi en fin d’après-midi, où la présence de nombreux politiques et les dédicaces de poids lourds de la littérature ont paralysé la circulation dans le centre de la manifestation.
A côté de la scène littéraire où débats et animations se sont succédés durant quatre jours devant un auditoire toujours très fourni, l’échoppe des Flâneries littéraires a fait carton plein avec 800 inscriptions. Lancée cette année pour accompagner le renouveau du salon, l’initiative proposait au grand public de suivre, le temps d'une balade thématique à travers les stands, douze personnalités du monde du livre. Aurélien Masson, le directeur de la Série noire, a ouvert le bal jeudi devant un nombre de curieux qui n’a cessé de grossir durant tout le parcours, suivi par Thierry Magnier, Emmanuel Pierrat ou encore François Dosse. Seule la flânerie de Jack Lang, qui devait s’articuler autour de la loi de 1981, n’a pas convaincu les visiteurs vendredi. L’ancien ministre de la Culture s’est certes baladé d’éditeur en éditeur, saluant Françoise Nyssen (Actes Sud) ou Dominique Bourgois (Christian Bourgois), mais n’a pas accepté de prendre la parole publiquement.
Autre nouveauté, autre succès, la scène BD a drainé un large public de connaisseurs mais aussi de profanes avec une programmation éclectique comme la thématique de samedi après-midi, "Le dessin peut-il réveiller les citoyens ?", qui a rempli les bancs de l’espace. La programmation du CNL, qui fête cette année ses 70 ans, a elle aussi été largement suivie par les professionnels du secteur qui ont débattu du "Livre de demain", mais aussi par le grand public qui est venu en masse écouter Joann Sfar dimanche en fin d’après-midi.
Des dédicaces à foison
Si la programmation a été particulièrement suivie pour cette édition, le succès du salon du livre s’est une nouvelle fois articulé autour d’une attraction immuable : les dédicaces. Samedi et dimanche, les éditeurs avaient aligné leurs poids lourds, créant des embouteillages monstres. Entre Grasset et Albin Michel samedi, la cohue régnait tandis qu’Amélie Nothomb, coupe de champagne à la main, d’un côté, et Amin Maalouf, de l’autre, dédicaçaient leurs ouvrages. Chez Allary au même moment, Riad Saatouf prenait le temps de réaliser des dessins personnalisés pour ses fans très nombreux, tandis que Fabrice Luchini (Flammarion), Michel Cymes (Stock) et un peu plus tard Jean d’Ormesson (Gallimard) faisaient carton plein.
Au Livre de poche, les files ne désemplissaient pas avec la présence notamment de Delphine de Vigan, Katherine Pancol et Bernard Werber. La romance a confirmé qu’elle avait le vent en poupe avec la dédicace chez Harlequin d’Emily Blaine, qui a provoqué une file d’attente si longue qu’elle rejoignait le stand de la Corée du Sud, invitée d’honneur du salon. Près du stand PKJ, les allées avaient des allures de campings peuplés d’adolescents qui attendaient, parfois depuis plusieurs heures, James Dashner, auteur de la trilogie à succès L’Epreuve. Autre phénomène adolescent chez 404 éditions, la youtubeuse Andy qui a écoulé en trois heures de dédicace près de 600 exemplaires de Princesse 2.0.
Des professionnels mitigés
Malgré une journée de samedi qualifiée par nombre d’éditeurs d’"exceptionnelle", l’ambiance n’était pas à la fête dimanche. De nombreux exposants avaient pressenti la baisse de la fréquentation et donc de leurs recettes. Chez Gallimard, Béatrice Lacoste estime que le chiffre d’affaires devrait s'établir au mieux à - 20 % par rapport à l’année précédente. Même son de cloche chez Flammarion, Glénat ou encore Libella. Si les livres de poche échappent à la baisse des recettes, ainsi que des maisons comme Harlequin, tractés par de grosses signatures, le bilan est plutôt mitigé. En cause le "jeudi noir" qui a amené, selon les éditeurs interrogés, d’énormes manques à gagner et le prix de l’entrée, 12 euros, considéré par tous comme "prohibitif".
"A Bruxelles, l’entrée était gratuite et nous avons réalisé un excellent chiffre d’affaire, le prix du ticket à Paris bloque clairement les choses", estime la responsable du stand Milady qui se désole aussi de la matinée professionnelle de jeudi "où il n’y avait presque personne". Sur ce plan, pour Sabine Wespieser, des éditions du même nom, Livre Paris se solde tout simplement par un "échec". "D’habitude, durant la journée professionnelle, je vois une centaine de libraires, là il n’y en avait qu’une quinzaine", déplore-t-elle. Comme elle, nombreux sont ceux qui se montrent dubitatifs devant le nouvel agenda de la manifestation et souhaitent des réajustements pour la prochaine édition qui se tiendra du 23 au 26 mars 2017.