Pas de condamnation pour Chantal Chawaf et les éditions La Grande Ourse

Chantal Chawaf

Pas de condamnation pour Chantal Chawaf et les éditions La Grande Ourse

L'auteure du roman Délivrance brisée et son éditeur était assignés en référé pour atteinte à la vie privée par Gwendolyn Chabrier.

Par Catherine Andreucci
avec ca Créé le 15.04.2015 à 20h04

Le tribunal de grande instance de Paris a déclarée nulle l'assignation en référé pour atteinte à la vie privée déposée par Gwendolyn Chabrier contre Chantal Chawaf, auteure de Délivrance brisée, et son éditeur, La Grande Ourse, dans une ordonnance rendue le 30 avril. La maison d'édition l'a fait savoir dans un communiqué le 6 mai.

Délivrance brisée est paru en janvier 2013 dans la maison d'édition fondée en 2012 par Paulina Nourissier, fille de François Nourissier. Auteure de nombreux romans, Chantal Chawaf a été éditrice au Rocher, où elle avait notamment publié un roman de Gwendolyn Chabrier en 2006, Destins asiatiques, dans sa collection «Esprit libre». Dans le roman qui fait l'objet du litige, elle raconte les relations entre Eliane, correctrice dans une maison d'édition, et Virginia, riche Américaine qui lui fait écrire ses livres et dépense sans compter pour convaincre journalistes et éditeurs de son talent.

Gwendolyn Chabrier, qui s'estimait «parfaitement identifiable sous le personnage de Virginia», réclamait l'interdiction du roman, ainsi que 50 000 euros à titre de provision à valoir sur l'indemnisation du préjudice.

Le tribunal n'a pas examiné l'affaire sur le fond mais s'est appuyé sur la procédure pour rendre sa décision. Lors de l'audience qui s'est tenue le 29 mars, Me Olivier Roux, avocat de Gwendolyn Chabrier, avait en effet déclaré que « l'intégralité du livre litigieux était attentatoire au respect de la vie privée de la demanderesse et non pas certains passages », évoquant « des troubles psychologiques subis à la suite de la publication de l'ouvrage » et le fait que Gwendolyn Chabrier se trouvait « discréditée dans sa réputation professionnelle », rapporte l'ordonnance de référé.

Me Emmanuel Pierrat, avocat de La Grande ourse, et chroniqueur à juridique à Livres Hebdo, avait plaidé « l'indétermination des passages poursuivis » et « l'ambiguité affectant l'assignation sur le véritable fondement juridique de la demande, rendant impossible toute stratégie de défense cohérente ».

L'argument a été entendu par le juge.?Il a motivé sa décision par « une extrême confusion dans l'argumentation, tant en fait qu'en droit, de la demanderesse », qui apparaît « incontestablement préjudiciable à un légitime exercice des droits de la défense ». Il a condamné Gwendolyn Chabrier à payer à l'auteure et à l'éditeur 1000 euros pour frais de justice. En revanche, n'ayant pas examiné l'affaire au fond, le juge a débouté La Grande Ourse et Chantal Chawaf de leur demande de dommages et intérêts pour procédure abusive.
15.04 2015

Les dernières
actualités