Dématérialiser l'offre culturelle, maintenir le lien avec les usagers, rompre l'isolement des personnes fragiles... Depuis le début du confinement, les bibliothèques sont confrontées à une même problématique : comment continuer à assurer un service culturel et informationnel sans exposer ni les usagers ni le personnel ?
Pour accompagner cette réflexion, l'ABF a publié
un tableau participatif en ligne qui recense les idées et les initiatives lancées au sein des bibliothèques pour assurer la continuation des activités, sans aucun contact. Si certaines ont fait le choix du tout numérique, à l'instar des médiathèques de
Strasbourg, d'autres accompagnent leur public par téléphone comme à
Nemours. Des services 100% à distance que de plus en plus d'établissements complètent par des offres physiques, avec la mise en place de "biblio drive" et des livraisons à domicile.
Depuis fin mars à Pau, les livres de la Médiathèque intercommunale André Labarrère sont ainsi portés, en même temps que les repas, au domicile des seniors et des personnes vulnérables ou empêchées. Le portage de livres, cd et dvd est également disponible depuis le 21 avril dans les communes du Grand Cognac. Un peu partout en France, les initiatives fleurissent. A Agen (47), Médis (17), Bailly (78), Vierzon (18), Coursac (24) ou encore Ribeauville (68), les bibliothèques ont ouvert un
drive sur le modèle du point-retrait de marchandises. Elles seraient à ce jour une centaine dans ce cas, selon le groupe de travail Bibliothèques de la CGT Culture des Fédération des services publics. En désaccord avec ces pratiques, le syndicat dénonce une situation illégale et des décisions arbitraires prises par les élus.
Pas de portage ni de drive pour les bibliothèques
Si la majorité des établissements s'engage à respecter les gestes-barrière lors de la manipulation des documents et de leur livraison, à mettre en quarantaine et désinfecter les retours, le sujet fait débat au sein de la profession. Du côté des organisations professionnelles, les positions sont fermes. L'Association des bibliothécaires départementaux (ABD) s'est prononcée début avril en défaveur du portage à domicile. Dans un message publié le 18 avril sur les réseaux sociaux, l'ABF a quant à elle incité ses membres à ne pratiquer ni le drive ni le portage.
La loi, elle, ne laisse pas beaucoup de place à l'interprétation. Le décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 modifié le 16 avril 2020, prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, autorise uniquement les établissements de la catégorie M – les magasins de vente et les centres commerciaux – à pratiquer des activités de livraison et de retraits de commandes. Relevant d'une autre catégorie d'établissement (S), les bibliothèques n'ont ainsi ni l'autorisation d'accueillir du public, ni de mettre en place ce type de services.