Pour Sarkozy, Hadopi sert à protéger les livres et la création

© Olivier Dion

Pour Sarkozy, Hadopi sert à protéger les livres et la création

"Si on laisse le pillage que représente le piratage prospérer (...), il n'y aura plus de livres, il n'y aura plus de créations" a déclaré le Président de la république lors du lancement de l'opération Ciné-lycée.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 22h43

Le Président de la république, Nicolas Sarkozy, a justifié mardi l'envoi par la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) des premiers courriels d'avertissement aux pirates, lors de la visite d'un lycée.

"Si on laisse le pillage que représente le piratage prospérer (...) il n'y aura plus de cinéma, il n'y aura plus de disques, il n'y aura plus de livres, il n'y aura plus de créations", a déclaré M. Sarkozy lors d'un discours improvisé devant des élèves et enseignants du lycée Jean-Baptiste Corot de Savigny où il est venu lancer l'opération Ciné-lycée.

"Si on autorise le vol, on détruit le processus de la création (...) je ne laisserai pas détruire le livre, je ne laisserai pas détruire le disque, je ne laisserai pas détruire le cinéma, c'est trop important pour notre pays", a poursuivi le chef de l'Etat.

S'adressant aux jeunes, les principaux adeptes du téléchargement illégal d'oeuvres culturelles sur internet, M. Sarkozy a indiqué que "ce sont les jeunes artistes qui sont les premiers exposés au piratage".

"Opposer les jeunes et la règle, c'est absurde, ça n'a aucun sens", a-t-il insisté. "La liberté sans règle, c'est une oppression, c'est la règle qui protège la liberté, c'est l'absence de règle qui tue la liberté", a-t-il dit.

"Mon rôle, comme celui du ministre de la Culture, c'est de défendre la création, sa liberté, bien sûr, mais son équilibre économique, sinon il n'y a plus un film qui ne se montera, sinon il n'y a plus une maison d'édition qui publiera un livre", a répété Nicolas Sarkozy.

Les premiers courriels d'avertissement aux pirates ont été envoyés vendredi par la plupart des fournisseurs d'accès à internet pour le compte de l'Hadopi. Numericable et Bouygues Telecom ont été les premiers opérateurs à adresser des courriels d'avertissement à leurs clients. SFR et Orange devaient leur emboîter le pas. Seul le fournisseur d'accès Free, opposé à la loi, a refusé de relayer ces mises en garde aux internautes. Free attend pour éventuellement envoyer des courriels, d'"avoir des garanties quant aux modalités du dispositif, notamment sur la confidentialité des données", a expliqué une porte-parole.

La Haute autorité avait rappelé la semaine dernière qu'il ne fallait pas répondre aux avertissements: pour la contacter, un formulaire est disponible sur son site, tout comme un numéro de téléphone (09.69.32.90.90).

Après ce premier message, l'internaute, s'il récidive dans les six mois, en reçoit un deuxième et une lettre recommandée. A la troisième infraction, il risque une amende et une suspension de son abonnement pouvant aller jusqu'à un an, sans possibilité d'en souscrire un autre.

"La Hadopi s'est péniblement mise en route, elle a mis un an, et au lieu de développer l'offre légale, comme promis, elle passe directement à la machine à claques", a réagi Edouard Barreiro, chargé de mission "nouvelles technologies" au sein de l'UFC-Que choisir.

"Cela nous fait bondir car on va commencer à sanctionner le consommateur, à l'empêcher d'aller sur internet pour avoir accès à la culture et on offre rien en échange", a-t-il ajouté.
15.04 2015

Les dernières
actualités