Le Salon du livre de Paris annonce une formule rénovée sous un nouveau nom, "Livre Paris". C’est "un projet de réenchantement du salon", promet Christine de Mazières, déléguée générale du Syndicat national de l’édition (SNE), qui veut susciter à nouveau le désir de participer à ce qui doit rester une fête du livre. Pour illustrer la transformation en cours, elle cite en exemple, en Allemagne, la très populaire Foire du livre de Leipzig. Pour Livre Paris, 2016 sera "une année 0, pour une rénovation qui va se poursuivre lors des prochaines éditions", indique-t-elle. La manifestation se tiendra toujours à la porte de Versailles car le Grand Palais va fermer pour des travaux qui écartent le serpent de mer de l’éventuel retour sous sa célèbre verrière, mais pas seulement.
Hors les murs pour la jeunesse
Première innovation cette année, une programmation hors les murs, destinée à la jeunesse, sera proposée sur les berges de la Seine le week-end qui précède la manifestation, samedi 12 et dimanche 13 mars, rive gauche, entre la gare d’Orsay et les Invalides. En partenariat avec la Ville de Paris, une déambulation offrant, dans des containers, animations et expositions sera proposée aux enfants et à leurs parents. Pas de ventes de livres à l’occasion de ce premier hors-les-murs, mais le public sera bien sûr invité à venir, le week-end suivant, porte de Versailles.
Dès jeudi, porte de Versailles
Rendez-vous pour quatre journées porte de Versailles, dès le jeudi, soit un jour plus tôt que l’an dernier, et jusqu’au dimanche, après un vernissage "sélectif" le mercredi soir. La nocturne est de retour, le jeudi, avec une programmation spéciale. Les réaménagements, promet-on, devraient sauter aux yeux : entrée générale reconfigurée, avec notamment une entrée spécifique pour la jeunesse donnant directement accès à l’espace qui lui sera consacré, réagencement esthétique, circulation plus fluide, scénographie revue, signalisation améliorée. Un "lounge professionnel" fait son apparition pour les éditeurs et les auteurs, ainsi qu’un écran géant et des salons de lecture munis de bornes audio. La sonorisation devrait aussi être améliorée. Confirmant un plan de rénovation sur plusieurs années, Laurence Paul Keller, commissaire générale de Livre Paris (chez Reed, prestataire de la manifestation), veut elle aussi "susciter le plaisir des lecteurs". Les lieux de restauration devraient également être repensés. Objectif : convivialité, ce qui n’a jamais été le point fort de la porte de Versailles.
Soigner la mise en scène
Les organisateurs veulent "proposer des contenus" éditorialisés et mis en scène. Evelyn Prawidlo, nouvelle conseillère littéraire et artistique, entend ainsi "privilégier les formes", en liaison avec l’actualité littéraire du printemps. Deux thèmes d’actualité, "Résistance" et "Le goût des autres", alterneront pendant les quatre jours, sur tous les espaces de débats. Au cœur du salon, la scène littéraire accueillera la conférence du SNE sur le droit d’auteur, la Dictée pour les nuls, la remise du prix des Jeunes lycéens d’Ile-de-France…
Mobiliser les éditeurs
Au SNE, un comité éditorial s’est mobilisé autour de cette nouvelle formule, "avec beaucoup d’appétence", assure Christine de Mazières. Cela se traduira notamment par le retour à la porte de Versailles de Grasset, Lattès et Stock, trois maisons littéraires d’Hachette Livre qui, par le passé, n’avait pas ménagé les critiques contre la formule du salon. Le groupe religieux du SNE a initié un nouveau square thématique (Religion, culture et société) qui s’ajoute aux trois squares Jeunesse, Culinaire et Savoirs et connaissances. Une plus grande thématisation du salon est recherchée. Les éditeurs de BD, par exemple, seront regroupés sur un même espace animé par Didier Pasamonik, avec une salle de débats.
La présence des régions restera stable, mais avec une tendance à la baisse des surfaces négociées, pointe Stéphanie Meissonnier, déléguée générale de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill), qui craint que Livre Paris ne devienne une manifestation "trop parisienne".
La Corée du Sud, Brazzaville, Pointe-Noire et Constantine
Côté villes invitées d’honneur, Laurence Paul Keller annonce les noms de Brazzaville et de Pointe-Noire, en République du Congo, mais s’y ajoutera Constantine, dont le nom a été avancé par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en octobre à Alger. Un collectif de pays africains sera présent à proximité. La liste des 30 auteurs de la Corée du Sud, pays invité d’honneur, sera divulguée bientôt.
En 2017, Laurence Paul Keller, qui coiffe cette 36e édition dont Bertrand Morisset reste la cheville ouvrière, devrait laisser la place à un nouveau commissaire général. Il est en cours de recrutement chez Reed, qui négocie encore avec le SNE le renouvellement de son contrat.