A Lyon, en comparant janvier-août 2019 (avant la pandémie) à la même période en 2021, la fréquentation dans l’ensemble du réseau a diminué de 52%, et les prêts de 21%. Si l’on compare juillet 2020 et 2021, avec « des horaires d’ouverture d’été à peu près identiques », précise la Ville, la bibliothèque centrale de la Part-Dieu voit sa fréquentation baisser de 15%. C’est 3% pour les prêts. Parallèlement, les bibliothèques de quartier enregistrent une hausse de 7% de la fréquentation et de 4% des prêts par rapport à juillet 2020.
Est-ce un effet du passe sanitaire ? Il est devenu obligatoire à partir du 21 juillet à la Part-Dieu, quand les bibliothèques de quartier sont restées à une jauge de cinquante usagers autorisés à entrer.
Le 17 août, nouveau contexte : tous les établissements lyonnais passent sous le régime du QR code qui atteste que le visiteur est totalement vacciné ou négatif au Covid. La fréquentation baisse de 32% sur la Part-Dieu et de 25% sur les bibliothèques des territoires par rapport à l’année précédente.
« Cette baisse très importante peut s’expliquer par la généralisation du passe sanitaire, ainsi que par l’ouverture moindre des bibliothèques liée à des mouvements sociaux », analyse la Ville.
Le 18 août et le 28 août notamment, des agents ont en effet fait grève contre l’obligation de présenter un passe en bibliothèque. Le 8 septembre, Laurent Bosetti, l’adjoint au maire, est allé dans leur sens en demandant au gouvernement, dans un tweet, « une exonération du passe sanitaire pour les bibliothèques municipales. »
Lente reprise
A Strasbourg, il y a eu davantage de visiteurs cet été par rapport au précédent. Presque 8000 entrées en plus en juillet et un petit 1400 en août. Le 10 août, le passe sanitaire s’étendait à tout le réseau. « La mise en place du passe sanitaire n’a pas suscité l’effondrement auquel on aurait pu s’attendre », estime Bertille Détrie, responsable du département médiation et communication des médiathèques de la métropole.
A Nantes, l’activité estivale de prêt reste inférieure à celle de 2018 ou 2019 « d'environ 20% », indique la directrice de la bibliothèque municipale, Agnès Marcetteau. Pourtant, de mars à juin, les prêts physiques avaient rattrapé ceux d'avant Covid (593 487 prêts en 2019 contre 562 920 cette année). Le passe aurait-il plombé les chiffres de prêts ? Elle reste prudente. « Les animations culturelles ont repris cet été et ont toutes atteint leur jauge complète », avance-t-elle.
Mais c’est mieux que l’été dernier. « L’été 2020, c’était juste après le premier choc de la Covid : les gens n’avaient aucune assurance sanitaire, pas de vaccin, pas de passe, donc évitaient d’aller dans des espaces publics », retrace la directrice.
Quant aux prêts, Strasbourg remarquait qu’ils n’étaient pas proportionnels à la baisse de la fréquentation : « Les usagers ont continué à emprunter lorsque cela était possible. » A Nantes, « les ressources numériques se sont partiellement substituées aux prêts physiques pendant les périodes de fermeture : la consultation a augmenté de 1,5 à 4 fois en 2020, recense Agnès Marcetteau. Mais cette année, on revient à une pratique des ressources numériques d’avant Covid. Le public qui vient en bibliothèque aime venir et est très attaché à des documents papiers. »
Communication
Les habitudes ne sont pas toujours revenues. Certes, les Bordelais retrouvent leurs bibliothèques : le réseau de Bordeaux a accueilli deux fois moins de visiteurs par rapport à 2019, mais en cette rentrée, c’est seulement 15% de moins dans les établissements de proximité. « Les familles et les enfants reviennent malgré le passe sanitaire », soulève le directeur Yoann Bourion. Problème : « Le public relevant de l'exclusion sociale est beaucoup moins visible et un gros travail devra être mené du point de vue partenarial », souligne-t-il.
La reprise contrastée se voit notamment sur la bibliothèque centrale, Mériadeck, qui « accuse une baisse toujours importante, d’environ 40% : 1 700 visiteurs en moyenne les samedis de septembre en 2019, contre 1 000 depuis la rentrée », décompte Yoann Bourion. « Les espaces internet d'habitude bondés sont beaucoup moins remplis. » Une solution pour lui : « une grande campagne de communication pour rappeler ‘le réflexe bibliothèque’».