12 avril > Premier Roman Sri Lanka > Ashok Ferrey

La grande île, que l’on appelait autrefois Ceylan, est réputée pour sa nature splendide, son climat clément, la richesse de son patrimoine, l’aménité de son peuple - lorsqu’il ne se tue pas dans une guerre civile entre communautés et confessions. Elle est aussi connue, depuis le Râmâyana, pour être un repaire de démons, que les différentes religions ne sont pas parvenues à chasser. Ce n’est pas Sonal Mahadevala, dit Sonny, le héros et narrateur du roman d’Ashok Ferrey, qui dira le contraire.

Il est issu d’une grande famille cinghalaise, ses ancêtres étaient les trésoriers héréditaires des rois de Kandy, l’ancienne capitale de l’île. Ils avaient fait fortune, s’étaient fait construire une belle demeure, le walauwa, au sein d’un vaste domaine, où ils auraient même dissimulé un trésor. Le garçon en est, en théorie, propriétaire. Mais c’est sa mère, veuve, la terrible Clarice Mahadevala Kumarihamy, qui y vit et s’y comporte en seigneur et maître. Avare, cupide, comédienne, tyrannique, elle a détesté son fils dès sa naissance, le trouvant "laid", trop "noir", "mauvais", voire diabolique. Elle, mi-portugaise, claire de peau, catholique, est fière de sa lignée d’astrologues. Et sa piété ne l’empêche pas, si besoin est, de recourir à des pratiques très païennes, comme le thovil, l’exorcisme en public, qui prend des allures de grand spectacle.

Pour fuir sa mère, Sonny, 19 ans à l’époque, est parti en 2002 faire ses études à Christ Church, l’un des meilleurs collèges d’Oxford. Il y a fait la connaissance de Luisa, une Italo-Américaine très fortunée, qu’il a mise enceinte (mais le bébé est mort) et fini par épouser. Ils se sont installés à Londres, où il tente de devenir écrivain, tandis qu’elle l’entretient. La logique voudrait qu’il revienne chez lui afin de présenter sa femme à sa mère. Laquelle, au téléphone, ne veut pas en entendre parler: "N’amène pas ta poule", lui dit-elle aimablement. Mais il passe outre, et débarque au walauwa à l’été 2004, pour un long séjour, jusqu’à Noël. Luisa, de nouveau enceinte, s’entend plutôt bien avec sa belle-mère, ce qui inquiète Sonny. Celui-ci s’ennuie et cède aux avances de la belle Sita, une jeune domestique qui a toujours été amoureuse de son "petit Seigneur". Comment le garçon, pas très courageux, va-t-il se tirer de l’imbroglio où il s’est fourré au milieu de ces trois femmes? Le destin viendra lui donner un coup de pouce.

Ce premier roman traduit en français d’Ashok Ferrey, architecte, écrivain, star de la télé dans son pays, flirte avec le fantastique et nous plonge avec humour dans une littérature bien moins connue ici que celle du grand voisin indien. J.-C. P.

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