13 avril > roman Ecosse > James Robertson

"Tout pourrait être le souvenir d’un rêve", si ce n’est qu’on se trouve en plein cauchemar. Fin 1988, l’attentat de Lockerbie a marqué les esprits. Un avion de ligne "avait volé en éclats comme un modèle réduit en balsa". Une désintégration entraînant la mort de 270 personnes. Parmi elles, Emily et Alice. "J’étais un mari et un père", dit Alan Tealing. Que devient-il en perdant sa femme et sa fille ? Tel est le fil de ce roman étonnant qui nous entraîne dans les rouages d’un homme brisé. Obnubilé par "l’Affaire", il quitte son poste littéraire à l’université pour se consacrer pleinement à ce dossier.

Un coupable a été incriminé et condamné, la Libye de Kadhafi a été désignée, mais il reste des zones d’ombre à élucider. Vingt ans plus tard, Alan est devenu celui "qui rejetait la version officielle". Sa famille l’engage à reprendre sa vie, mais il ne peut s’y résoudre. Tout est passé au crible, y compris son passé. Comment survivre à l’impossible deuil ? Alors qu’il atteint le comble du désespoir, il reçoit une visite surprise. Nilsen était agent de la CIA au moment des faits. "Mon nom ne vous dit rien car il ne figure nulle part. Ce qui nous définit, c’est la limite. La douleur extrême."

Cet homme défait combat un cancer. Avant d’être emporté, il tient à délivrer une partie de la vérité. "Il y a bien eu fabrication. Il y a bien eu falsification." Un huis clos, à la Godot de Beckett, s’installe entre lui et Alan. La réalité semble si diabolique qu’elle donne froid dans le dos. "Ce que les gens font toujours - les gens qui ne sont pas avocats -, c’est confondre la loi avec la justice, les preuves avec la vérité." Abasourdi, le héros détient toutefois une nouvelle clef pour avancer. Destination : l’Australie.

C’est là que l’écriture de James Robertson révèle toute sa magie. Dans la première partie du livre, elle se voulait volontairement clinique et sombre. Mais une fois qu’Alan atterrit dans ce pays, c’est comme si la vie reprenait ses droits et ses couleurs. Alan se doit de résoudre une énigme, mais son principal défi n’est-il pas de renouer avec son envie de vivre ? Un long chemin qui lui permettra de réaliser que "nous ne sommes tous que des humains". K. E.

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