Le déconfinement approche. En bibliothèques, les activités devraient reprendre partiellement à partir du 11 mai. Alors que le ministre de la Culture Franck Riester a assuré sur Twitter son soutien au secteur, aucune directive claire n'a encore été dévoilée pour l'après-confinement. Seule certitude, le retour à la normale devrait être long et progressif.
En coulisses, les associations professionnelles s'activent pour accompagner la reprise. Tandis que l'ABF prépare un vade-mecum pour le déconfinement, l'association Auvergne-Rhône-Alpes Livre et lecture met à disposition sur son site Internet une boîte à outils déconfinement. De son côté, la BNF réfléchit à un plan de réouverture en quatre phases qui pourrait servir de guide généralisé : remise à niveau des sites sans présence d’agents à partir de la mi-mai, ouverture progressive pour le personnel, accueil du public sans animations de médiation mi-juillet puis rétablissement de l'ensemble des activités à l’automne.
Traitement et recommandations
Sur le terrain, les bibliothécaires s'interrogent. Dans les grands établissements comme dans les petites structures, l'heure est aux tâtonnements. Comment anticiper l'après? Comment rouvrir en garantissant la sécurité sanitaire des agents et du public? Au menu des mesures envisagées : le nettoyage des espaces et des appareils de climatisation, l'utilisation massive de gel hydroalcoolique, de masques et de gants, ainsi que la mise en place de vitres de protection sur les banques de prêt et les accueils.
A ce stade de la réflexion, la principale préoccupation est le traitement des retours. Si certains établissements opteront pour le rendu sur rendez-vous, d'autres ont décidé de prolonger les documents de manière automatisée et de mettre en place le prêt illimité. En matière d'assainissement du matériel retourné, les bibliothèques peuvent s'appuyer sur les recommandations de l'Ifla et sur les conseils de la Bibliothèque nationale de la République tchèque, préconisant la mise en quarantaine des livres pendant quatre ou cinq jours, puis leur désinfection avec une solution alcoolique à 70%.
Reste la question - centrale - de la réception du public et de la gestion des flux. À Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), la bibliothèque projette déjà de réserver les heures d'ouverture matinales aux personnes les plus fragiles et de limiter le nombre d'entrées par jour. "Nous réfléchissons également à un sens de circulation afin que les lecteurs se croisent le moins possible et puissent choisir leurs documents sereinement. Et nous préparerons à l'avance des sacs thématiques pour les lecteurs qui préféreront ne pas rester trop longtemps dans nos locaux", explique Emilie Giuliano, la bibliothécaire de cette ville de 14 400 habitants.
La réouverture ne signifiera pas une reprise complète des activités et du rôle des bibliothèques dans la vie des collectivités. "Nous ne pourrons d'abord assurer que la fonction de base de prêt de documents et, même si nous sommes heureuses de revoir nos lecteurs, la bibliothèque ne sera pas tout de suite en capacité de redevenir l'espace d'échange et de sociabilité que nous connaissons", analyse Emilie Giuliano.
Au-delà des modalités pratiques de l'après-confinement, cette crise soulève de nombreuses questions sur la place des bibliothèques dans notre société. Pour accompagner ces réflexions, l'Enssib a lancé début avril le séminaire virtuel « Bibliothèques en temps de crise ; le cas du covid 19 ». Animé par Raphaëlle Bats, conservatrice des bibliothèques chargée de mission relations internationales à l'Enssib, ce webinaire réunit plus de 900 participants à chaque session.