2 mai > Roman Danemark > Michael Enggaard

Frank et Ellen: deux habitants de l’ancien quartier ouvrier de Vesterbro à Copenhague, deux célibataires autour de la quarantaine. Le premier, ancien espoir de la boxe, a brutalement abandonné les rings, quinze ans plus tôt, juste après avoir été sacré champion du Danemark en poids moyen, et a monté avec un ami un atelier de carrosserie. La seconde est infirmière à domicile, visitant à vélo les malades, oreille privilégiée de bien des secrets. Elle souffre d’une "paralysie du sommeil" qui provoque des cauchemars éveillés où tout ce qu’elle a laissé derrière elle, dans une petite ville côtière du Jutland, vient la tourmenter. Ces deux solitaires en compte avec leur passé se rencontrent mais on ne vous racontera pas dans le détail quelles dettes vont les rattraper, ni comment ils vont s’associer pour les solder: le cœur de cette attachante romance danoise, premier roman de Michael Enggaard.

Plein de fines et très concrètes observations, de rythme et de punch, Le blues du boxeur est aussi une visite de l’intérieur du Copenhague contemporain, familier et intime, en pleine mutation avec ses bars, ses places rénovées, ses rues en voie de gentrification, ses anciennes églises transformées en salle des fêtes où on sert des repas collectifs, ses nouveaux immeubles avec balcons, sa population qui change. "Aujourd’hui, le quartier de Vesterbro n’avait plus ni ouvriers, ni boxeurs, et il était probable qu’un gars comme celui croisé dans les escaliers avait plutôt pour centre d’intérêt les plaisirs de la table et le brassage des bières bio", note Frank.

Sur un ton aigre-doux, Michael Enggaard décrit avec tendresse et sans mièvrerie le spleen de ces héros ordinaires, un peu sonnés par les coups de la vie, qui fument des cigarettes, en les rationnant. Au soleil de préférence.

Véronique Rossignol

27.04 2018

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