Voyage en littérature [4/5] : Boris Vian et les 70 ans des "Fourmis"
Chaque dimanche Livres Hebdo célèbre l'anniversaire d'une œuvre littéraire majeure dans l'histoire de la littérature française. Cette semaine, Les fourmis, recueil de nouvelles de Boris Vian, dont on célèbre les 60 ans de sa mort.
Il ne reste que dix ans à vivre pour Boris Vian. Il a déjà publié L'écume des jours et J'irai cracher sur vos tombes (sous le pseudonyme de Vernon Sullivan). Il doit encore écrire L'herbe rouge, L'arrache-cœur et quantités de pièces de théâtre et de chansons. En 1949, il publie son premier recueil de nouvelles, Les Fourmis. Soit 11 textes sur la guerre. Les fourmis ce sont celles que l'on ressent dans les jambes, parce que le soldat ne peut plus bouger. "Je n’ai gardé que mon carnet et mon crayon. Je vais les lancer avant de changer de jambe et il faut absolument que je le fasse parce que j’en ai assez de la guerre et parce qu’il me vient des fourmis." Anti-militariste, l'auteur dénonce, avec son style proche du dadadaisme et loin des conventions, l'absurdité de la guerre. Certaines de ses nouvelles ont été publiées dans Paris-Tabou. Ces textes ont été écrits quelques années auparavant, entre 1944 et 1947. Tout y est déjà, de ses bons mots à ses thématiques (la guerre, l'amour, la musique, le système qui écrase l'individu). Malgré la faiblesse de certaines nouvelles, liée à une prose pas encore tout à fait maûre, on y retrouve sa fantaisie et son imagination, tout comme ses révoltes et ses obsessions. A noter que cette année-là il publie aussi un recueil de poèmes, Cantilènes en gelée.
Les éditions
Le recueil Les fourmis, à l'origine édité par les éditions du Scorpion en 1949, a ensuite été publié chez Bourgois, Terrain vague, puis Pauvert en 1997 (et en 2014 en version numérique), au Livre de poche en 2009, chez Audiolib la même année, lu par François Marthouret et Thibault de Montalembert. On retrouve les textes dans le volume 2 de ses œuvres complètes parues chez Fayard en 1999, et aussi dans le volume 2 des Oeuvres romanesques complètes dans la Pléiade (Gallimard, 2010).
L'approche du centenaire de la naissance de Boris Vian en 2020 multiplie les parutions autour de l'écrivain et musiciens. En juin, Valère-Marie Marchand a publié Boris Vian : le sourire créateur chez Ecriture un portrait de l'ngénieur, écrivain, auteur-compositeur et interprète fondé sur des documents d'archives et sur une soixantaine de témoignages de personnalités comme Juliette Gréco et JeaniJacques Pauvert. En décembre 2018, Christelle Gonzalo et François Roulman avait sorti aux éditions des Cendres Anatomie du Bison: chrono-bio-bibliographie de Boris Vian, où, en s'appuyant sur une importante iconographie, ils entreprennent de dresser un parallèle entre la production littéraire, artistique et musicale de l'artiste et les événements de sa vie.
Enfin, le livre de poche publiera en novembre un coffret anniversaire avec le roman L'écume des jours, les poèmes Cantilènes en gelée et l'essai En avant la zizique, le tout présenté par Mathias Malzieu.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Les adaptations
Le style de Boris Vian a souvent rebuté les producteurs et les réalisateurs. L'herbe rouge a été transposé à la télévision en 1985. L'Ecume des jours a été deux fois porté à l'écran, en 1968 par Charles Belmont, et en 2013 par Michel Gondry. L'arrache-cœur a été décliné sur scène en 2013 et en bande dessinée chez Delcourt l'année précédente par Jean-David Morvan (qui a aussi sorti un album à partit de L'écume des jours la même année). Toujours en BD, Paul Brizzi a dessiné L'automne à Pékin (Futuropolis, 2017).
On rappellera que Boris Vian lui-même adapta J'irai cracher sur vos tombes au théâtre et au cinéma (en tant que scénariste). Il ne verra jamais cette version sur grand écran: il est mort, dans la salle du Marbeuf, au début de la projection en voyant son nom au générique.
Mais revenons aux Fourmis. Du théâtre au court-métrage, la nouvelle principale du recueilest régulièrement adaptée.
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Sur les traces de Boris Vian
De nombreux lieux mythiques fréquentés par Boris Vian, à commencer par les caveaux de jazz de Saint-Germain-des-Prés sont aujourd'hui fermés. Le Tabou est devenu le Café Laurent, rue Dauphine et La Rose rouge est transformée en cinéma, L'Arlequin. Le lieu culte autour de l'auteur reste la Cité Véron, près de Pigalle à Paris, une impasse aux pieds de la butte Montmartre. Les visites sont interrompues jusqu'en novembre, dans le cadre de l'organisation du centenaire de la naissance de l'auteur. Ce lieu privé, où il a vécu les six dernières années de sa vie, permet de découvrir la vie quotidienne de Vian, à condition d'en faire la demande par formulaire. Pour l'anecdote, il partageait la même terrasse que Jacques Prévert - baptisée la terasse des trois Satrapes -, avec vue sur le toit du Moulin Rouge. A deux pas, on trouve le Théâtre des trois Baudets, où fut jouée pour la première fois sa fameuse chanson Le déserteur.
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Par
Élodie Carreira
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