L'ancien site de congrégation des Sœurs Franciscaines est devenu établissement culturel, Les Franciscaines de Deauville (14), à multiples vocations : une médiathèque, un auditorium, un réfectoire, des salles d’exposition, un musée « et son pôle qui porte en général les projets transversaux », précise Solène Charton, « fabmanageuse » au sein de cette institution, et évidemment un laboratoire de fabrication numérique. Outre les initiations aux machines à commande, les différents ateliers créatifs organisés pour toutes les tranches d'âge, le fablab des Franciscaines propose également à son public un volet sur l'autoédition.
« Low tech »
Dès lors le fablab de Deauville est devenu le rendez-vous des technophiles, en herbe et confirmés : un garçon de douze ans vient d'y créer sa propre imprimante 3D, un groupe d'électroniciens trentenaires s'y rendent pour du prototypage, pour concevoir un premier modèle d'outil ou de machine pour une éventuelle future commercialisation... Mais l'épanouissement créatif des fablab ne s'arrête pas aux frontières de l'électronique et de la technologie pure et dure. Les participants y manient aussi les « low tech », des techniques moins poussées en termes de technologie, moins chères et aussi plus soucieuses de l'écologie. Solène Charton, responsable du fablab des Franciscaines, propose par exemple des ateliers consacrés à l'autoédition, « durant lesquels on va fabriquer des petits livrets et des tampons faits de chutes de matériaux qui viennent de mon atelier, qui auraient dû être jetés », explique-t-elle. Cet atelier combine la machine, le numérique et les préoccupations écologiques. Les participants manient le logiciel libre, dit en « open-source » (dont le code source est accessible par tous), pour commander des machines numériques telle que la fraiseuse numérique, pour concevoir des petits objets comme des tampons.
Open source et protection des données
Une des missions du fablab des Franciscaines, par ailleurs labellisé Micro-folie par le ministère de la Culture, est aussi de transmettre les valeurs de l'open source, du logiciel libre et de la protection des données. S'autonomiser, trouver des alternatives face aux géants du net, notamment les GAFAM, grâce à « des ateliers sur la dégooglisation » que proposent Solène Charton. Que ce soit en termes de moteurs de recherche, de GPS, de « cloud » (données stockées sur des serveurs décentralisés et accessibles en ligne formant le « cloud »), ou bien même d'autoédition (dont s'est, à titre d'illustration, emparé Amazon), les fablab peuvent jouer ce rôle d'éducation critique à l'outil informatique et numérique.
https://www.livreshebdo.fr/article/ingenieuses-mediatheques-en-essonne-un-fablab-itinerant-36