Alors qu'Amazon a admis avoir réduit ses stocks d'ouvrages du groupe d'édition et annoncé qu'il n'enregistrerait plus les précommandes sur ses titres à paraître (notre actualité du 29 mai), Oren Teicher, directeur général de l'Association des libraires américains (ABA), a indiqué dès le 28 mai, lors d'un débat sur l'avenir des librairies physiques, que l'ambition des libraires américains était "d'assurer la disponibilité égale des livres de tous les éditeurs américains à n'importe quel moment".
Revenant à la charge le lendemain, à l'occasion de l'assemblée annuelle de l'ABA, Oren Teicher a dénoncé les dégâts causés par "les discounts agressifs et la politique du bras-de-fer" d'Amazon, "dont les manœuvres d'intimidation à l'égard d'un éditeur majeur ne sont que le dernier exemple". "L'industrie du livre est prise en otage par une entreprise bien plus intéressée par la vente d'écrans plats, de couches pour bébé et de produits d'épicerie", a ajouté le directeur général de l'ABA.
Le même jour, l'auteur de best-sellers James Patterson, figure prééminente du catalogue d'Hachette et chouchou des libraires indépendants depuis qu'il mène pour les soutenir une campagne dynamique assortie d'une donation d'un million de dollars (notre actualité du 30 mai), a estimé lors d'un déjeuner-débat avec des libraires qu'"Amazon veut contrôler la vente de livres, l'achat de livres et même l'édition de livres, et c'est une tragédie nationale. Si Amazon n'est pas un monopole, il en est le début. Et s'il s'agit là de la nouvelle Amérique, elle doit être changée, au besoin par la loi", a-t-il ajouté.
Un autre auteur, Walter Isaacson, interviewé en public pour la parution de son prochain livre, Les innovateurs (Simon & Schuster), a jugé que "Amazon a fait beaucoup de bonnes innovations (...), mais quand on serre la vis aux auteurs, aux éditeurs et aux lecteurs, et qu'on essaie de faire ce qu'il est en train de faire, alors il y a un problème, et ce problème doit être résolu".