Académie française

L'auteur et académicien franco-libanais Amin Maalouf, né le 25 février 1949 à Beyrouth, prix Goncourt 1993 pour Le Rocher de Tanios (Grasset) et membre de l'Académie depuis 2011, a été élu jeudi 28 septembre au poste de secrétaire perpétuel de l'Académie française avec 24 voix contre 8 pour Jean-Christophe Rufin.

Candidat de « l'apaisement »

« Nous resterons bons amis comme on doit l'être à l'Académie française », a tout de suite précisé le nouveau secrétaire lors d'une conférence de presse, marquant sa volonté de s'inscrire dans la continuité de sa prédécesseure au poste, Hélène Carrère d'Encausse, décédée début août et dont il a tenu à rendre hommage dès sa première prise de parole. « Personne ne fera mieux qu'elle », a-t-il déclaré en ajoutant « qu'il fallait lui choisir un successeur et qu{'il n'est} pas venu avec un programme ».  

«C'était le candidat de l'apaisement contre le candidat de la compétence », a confié diplomatiquement Erik Orsenna à Livres Hebdo. Daniel Rondeau a évoqué « un nouveau départ pour l'Académie » en saluant la personnalité d'Amin Maalouf qui « saura gérer les égos » en dessous de la Coupole.

Juste après l'annonce, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak s'est rendu quai de Conti pour féliciter le nouveau secretaire, d'origine libanaise également. « C'est un magnifique symbole pour tous les francophones du monde : un homme de coeur, d'apaisement et de dialogue » a-t-elle commenté devant la presse, « et je ne dis pas ça parce que je suis d'origine libanaise comme lui », a-t-elle souri en concluant par un « merci aux académiciens » de l'avoir élu.

Amin Maalouf
Photo ED

Comme en écho, le nouveau secrétaire perpétuel s'est réjouit de rendre heureux le Liban, « comme à chaque fois que ses fils font parler d'eux pour de bonnes raisons ». 

Un creuset culturel

Ayant vécu une partie de son enfance au Caire, Amin Maalouf est issu d'une famille multiculturelle et multiconfessionnelle : de tradition francophone et catholique du côté maternel tandis que ses racines paternelles sont anglophones et protestantes. Il suit la voie de son père, journaliste et éditorialiste au Liban, en devenant lui-même grand reporter pendant douze ans et voyageant dans plus de 60 pays. Il a d'abord écrit dans les colonnes du principal quotidien arabophone de Beyrouth, An-Nahar. En 1976, Amin Maalouf quitte avec sa femme et leurs trois enfants la guerre civile qui touche son pays pour la France,  où il commence à travailler pour un mensuel économique du groupe Jeune Afrique.

Amin Maalouf
Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l'Académie française.- Photo ED

Il quitte la presse pour se consacrer à l'écriture de Léon l'Africain (JC Lattès, 1986) dans lequel il y développe surtout les thèmes de l'exil, du nomadisme, du métissage culturel et de l'identité. Ces thématiques qu'il incarne par sa plume se retrouvent également dans Samarcande (JC Lattès, 1988), Le Périple de Baldassare (Grasset, 2000) ou encore Nos frères inattendus (Grasset, 2020). Lauréat du prix Prince des Asturies pour les lettres en 2010, récompense littéraire la plus prestigieuse d'Espagne, il a aussi été le seul écrivain français sélectionné pour le Man International Booker Prize en 2011.

Un secrétaire résolument à sa place

Il rejoint les immortels après trois tentatives : candidat malheureux en 2004, il se retire en 2007, préférant éviter les bisbilles avec l'institut après son soutien au « Manifeste pour une littérature-monde » qui défendait le fait que l'Hexagone n'était plus « le centre, ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française ». Cette tribune a été signée par 44 écrivains dont Maryse Condé, Michel Le Bris, J. M. G. Le Clézio, Alain Mabanckou, Anna Moï ou encore Gisèle Pineau. En 2011, il préside le jury du prix Inter. Il a aussi été en 2008 à la tête d'un groupe de réflexion sur le multilinguisme pour la Commission européenne qui a produit un rapport intitulé « Un défi salutaire : comment la multiplicité des langues pourrait consolider l'Europe ».

Interrogé sur la durée du mandat qu'il pensait faire, puisqu'il est le seul secrétaire de l'Institut élu à perpétuité, Amin Maalouf a confié qu'il voit « son rôle être probablement plus court » que ceux de ses prédécesseurs, Hélène Carrère d'Encausse ou Maurice Druon.   

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