31 août > Essai Etats-Unis

La narratrice du texte qui donne son titre à ce recueil d’essais a un drôle de job. Elle doit prétendre être malade. On lui donne un script avec des symptômes et la manière dont elle est censée se plaindre de ses maux. Un petit jeu permettant de tester l’étudiant en médecine qui l’auscultera. Examens d’empathie de Leslie Jamison est un hybride entre le genre méditatif et l’autofiction ("Plaidoyer pour l’édulcoré et l’édulcorant"), la relation de voyage ("La Frontera") ou l’enquête sur un documentaire ("Garçons perdus"). Comment l’écriture, fût-elle déployée dans un style sec (le cas ici), peut-elle rendre compte de la blessure d’autrui sans la "glamouriser", la dénaturer en "bon sujet". La femme douloureuse est une figure récurrente ? L’héroïne dickensienne Miss Havisham dans sa robe de mariée fanée, Violetta dans La traviata au visage blafard du tuberculeux… "Nous avons peut-être transformé la femme souffrance en une sorte de déesse, note Jamison, nous avons conféré une aura romantique à la maladie et idéalisé sa souffrance, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas." L’auteure a rencontré ces souffrances de femmes, se rappelle les siennes. Jouant la malade pour les carabins, elle se souvient d’une immense tristesse, comme à retardement - cette IVG dont la gravité de la décision ressurgit soudain lors d’une opération cardiaque qu’elle dut subir peu de temps après l’avortement. S. J. R.

Sur le même thème

Les dernières
actualités