à partir du 5 janvier et jusqu'au 24 avril, le Musée de la Bande Dessinée d'Angoulême lance sa nouvelle exposition, « Parodies la bande dessinée au second degré ».
Le commissaire Thierry Groensteen, spécialiste des parodies et des pastiches dans le 9e art, n'a pas eu beaucoup de temps pour réaliser l'exposition sur son sujet de prédilection. En moins de cinq mois, les équipes du Musée ont été cherchées les oeuvres ou les revues nécessaires pour illustrer le thème, dans un contexte où de moins en moins d'auteurs possèdent leurs propres originaux. L'ouvrage de Groensteen, Parodies la bande dessinée au second degré, qui vient de paraître chez Skira Flammarion a servi de base de travail. Un catalogue, chez le même éditeur, accompagnera l'exposition.
Sous l'oeil d'une gigantesque Joconde transformée en Chat par Geluck, le visiteur parcourt différentes thématiques : Gotlib et Fluide Glacial, le magazine Mad, les classiques de différents arts réinventés par des dessinateurs. Ainsi l'Américain et fameux illustrateur du New Yorker, Robert Sikoryak, qui a prêté une quinzaine d'originaux, réinterprète La Métamorphose de Kafka avec les personnages des Peanuts. On retrouve ses planches dans le magnifique livre Masterpiece Comics (Drawn and Quaterly).
La bande dessinée s'est souvent moquée d'elle-même, que ce soit dans le pastiche ou dans des versions pornographiques, pudiquement placées dans un espace un peu plus fermé. Des super-héros à Astérix, de Moebius à Tardi, tous les genres et toutes les époques sont représentés. Précautionneux, le commissaire a définit certaines limites. Ainsi, les parodies de Tintin exposées (dont une version québécoise déjantée) n'ont jamais été condamnées par les procès réguliers de Moulinsart S.A..
La visite est ponctuée de parodies autour de personnages célèbres qui ont inspiré les auteurs les plus variés : Tarzan, Harry Potter, Robin des Bois, Sherlock Holmes, Conan le Barbare, ...
En lançant cette exposition trois semaines avant le Festival International de la Bande Dessinée, le Musée se démarque ouvertement de l'événement annuel de la cité charentaise. Les dissensions publiques entre les deux institutions tentent de s'apaiser à travers la médiation de la DRAC de Poitiers. Mais les exigences du Festival sont incompatibles avec les objectifs financiers de la Cité, qui gère notamment le Musée. Pour l'instant la convention triennale entre les différents organismes n'est toujours pas signée. Le Musée poursuit donc sa stratégie d'autonomie artistique, et le Festival n'intègre toujours pas dans sa réflexion les choix éditoriaux de la Cité.
Mais le Musée ne s'exclut pas de la manifestation puisque le 29 janvier, en pleines festivités, il organisera une table ronde avec Daniel Goossens, René Pétillon et Robert Sikoryac autour de l'exposition.