"Le flux de la vie chez les autres me fascine", écrit Barney Norris. C’est probablement cette curiosité qui a poussé le jeune dramaturge anglais à imaginer son premier roman. "Les histoires s’entremêlent. Les vies s’entrelacent." Parfois elles ne font que se croiser, parfois elles se lient avant de se défaire. "C’est pire qu’un village, Salisbury, c’est tout petit." Assez grand pourtant pour que plusieurs personnages se retrouvent témoins d’un accident. Qu’est-ce qui les unit si ce n’est ce hasard de l’existence ?
Telle est la question qui traverse ce conte existentiel. Il se raconte de façon lyrique, tout en intégrant les voix - plus terre à terre - de cinq hommes et femmes. Cinq tranches de vie qui partagent, sans le savoir, le poids de la solitude. Rita n’a toujours pas réussi à absorber la sienne. Brisée par un drame, elle vend des fleurs et du shit pour éviter la chute. Sam, le taiseux, assiste impuissant à la maladie de son père. L’amour s’invite au même moment. Comment combiner des sentiments aussi contradictoires ?
C’est aussi ce que se demande George qui vient de perdre sa femme. Ou Alison, l’épouse d’un soldat, noyée dans le chagrin et l’alcool. "Nous devenons tous étrangers à notre propre histoire", soutient Liam qui scrute tous ces drames, allégés par une écriture fine, criante de sincérité. Ces cinq destins, réunis comme les doigts d’une main, se laissent juste porter par la vie et ses remparts. "Face à l’adversité, on peut se défendre. On peut défier le sort." A eux de jouer le jeu. Kerenn Elkaïm