Son éditeur, Etienne Poirier, directeur exécutif des Ecrits des forges qui a publié les deux derniers livres de l’auteur, a confié au journal Métro de Montréal être "sous le choc". "Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je ne savais pas qu’il était malade. (…) J’ai l’impression qu’il a voulu partir droit et fier, comme il l’a toujours été" a déclaré l’agent.
Auteur d’une trentaine d’ouvrages, des recueils de poèmes pour la plupart, Claude Péloquin entre dans le monde de la littérature en 1963 avec Jéricho (Alouette), à l’âge de 21 ans. Son dernier titre, La valse fatale (Ecrits des forges), publié en début d’année, questionnait la "finalité des morts et des naissances qui font notre lot d’être humain". En amoureux de l’improvisation et de la poésie performatrice, il lui arrivait de publier le verbatim de ses performances publiques, comme avec le recueil Les mondes assujettis (1965). En France, l’auteur a été ponctuellement édité par Actes Sud (Le flambant nu: histoires vraies, 1999) et L’Harmattan (Sur l’îlot de Cupidon, 2007).
Le parolier de "Lindbergh"
Artiste aux multiples casquettes, scénariste, réalisateur mais aussi auteur-compositeur et interprète Claude Péloquin accède à la postérité en 1969 en écrivant les paroles de la chanson Lindbergh interprétée par Robert Charlebois et Louise Forestier, véritable phénomène musical de la contre-culture francophone. Improvisés lors d’une soirée, ces vers lui vaudront de remporter le prix Félix-Leclerc de la meilleure chanson canadienne originale en 1969.
Connu pour ses prises de position tranchées et ses propos polémiques – ses "fulgurances" comme les appelle son amie Louise Forestier, citée par Le Devoir – l’écrivain suscitait régulièrement la controverse. La dernière en date remonte à 2014, lorsqu’il décrit l’immigration comme une "invasion" et un "fléau" sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première. "On nous fait le même coup qu’aux Amérindiens. (…) Si on n’arrête pas le flot d’étrangers, on n’aura jamais de pays" avait-il alors déclaré.
Interrogé par Le Devoir, le compositeur-interprète québécois Yann Perreau, qui fut l’un des derniers collaborateurs de Claude Péloquin, a voulu nuancer ce portrait: "Moi, je n’ai jamais eu de mauvaise expérience avec lui. Que du positif. Que du drôle. Que du généreux. Il était solitaire aussi, mal aimé et sous-estimé. Il n’était même pas accepté par le gang des poètes. C’était un punk. Il vivait avec pas grand-chose. C’était un grand enfant au fond, un enfant qui n’a jamais cru à la mort."