17 août > Roman France > Frederika Amalia Finkelstein

La tragédie récente de Manchester vient confirmer que "la liste de la dernière décennie croule littéralement sous les massacres, les tueries et les attentats". Ceux du 13 novembre 2015, à Paris, hantent toujours les esprits. Frederika Amalia Finkelstein a été perturbée au point de saisir sa plume pour évoquer l’angoisse rampante, étouffante, qu’elle tente de calmer dans ce nouveau roman dérangeant, déclenché par l’urgence d’écrire, d’exorciser et de vivre.

Son premier, L’oubli (2014), abordait le poids de la Shoah sur les petits-enfants des victimes. Ici, elle parle encore au nom d’une génération : celle qui a grandi dans la paix. Pourquoi a-t-elle directement été visée au Bataclan ? "Nous étions au-delà de la malchance : nous avions dépassé le "mauvais endroit au mauvais moment" - nous étions au cœur de l’impossible."

Tel est le constat de l’héroïne, Ava. Une jeune fille renfermée, qui s’est réfugiée dans les livres ou les jeux vidéo, mais que la réalité vient pulvériser. Son licenciement la fragilise encore d’un cran. A l’heure où les écrans et les réseaux sociaux sont inondés d’informations terrifiantes, elle s’interroge sur cette ère ultra violente.

Les victimes comme les terroristes du Bataclan avaient 20 ans. "Il n’y avait plus de frontière entre le bien et le mal : le virus de la terreur était omniprésent." Comment continuer à rêver ? Tantôt mordante, tantôt sarcastique ou agaçante, l’auteure parvient à saisir la lucidité d’une génération qui doit avancer malgré tout. "La peur de la mort. La peur de l’amour. La peur de la joie. C’est cela même qui nous menace : la peur d’être vivant. Ce n’est pas l’amour qui est à réinventer : c’est la carte du monde."

Kerenn Elkaïm

 

02.06 2017

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