Voilà six ans que les équipes de la bibliothèque et de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) portent ce projet. « Notre essence, c’est l’accueil sans discrimination », expose Stéphanie Thomas-Bonnetin, la directrice de l’association, qui parle au nom de toute le centre. « Il n’y a pas d’un côté la MJC, les scènes de musiques actuelles et la bibliothèque. On fait tout ensemble », soutient la rockeuse qui prend à coeur un refrain : l’éducation populaire.
Place publique
Le cœur du bâtiment, c’est l’Agora, le hall d’accueil avec cafétéria et salon signé par un designer local. Ce matin, cette place publique porte bien son nom, faisant résonner le tapage d’une petite vingtaine de manifestants qui s’y sont engouffrés — des agents culturels qui dénoncent la suppression de la compensation de leurs dimanches travaillés.
L’entrée dans la bibliothèque est elle aussi musicale. Et cinématographique. La vaste pièce vitrée est consacrée aux livres musicaux, films, partitions et disques et platines bien visibles. Mais aussitôt le regard se porte sur le mur du fond, le seul opaque, orné de guitares. Qui ne servent pas à la déco.
C’est une nouveauté de la bibliothèque : le prêt de 25 instruments de musique, certains adaptés aux gauchers et aux enfants. Ukulélés, basses, claviers portables… A gauche, une banquette invite à regarder un films ou à s’entraîner à la guitare sur un jeu comme rocksmith. Les mélomanes peuvent sinon louer l’un des trois studios gérés par la MJC.
Complémentaires
Illustration de la transversalité entre les deux structures, une animatrice citoyenneté, embauchée par la MJC, et un animateur numérique, employé par la bibliothèque, travaillent pour les deux. « L’animatrice de proximité fait venir les habitants, noue les liens avec les écoles ou les associations, fait en sorte qu’ils s’approprient les lieux, indique Marylène Dombrat, responsable des quatre bibliothèques du quartier. L’animateur numérique s’occupe lui des ateliers d’informatique autour du code ou de la musique assistée, par exemple. Comme l’espace numérique est mutualisé, il est ouvert même quand la bibliothèque est fermée. » Celle-ci se partage 800 m2 avec la MJC.
Le petit forum héberge les débats, les conférences, les associations pour leurs assemblées générales. Si elles veulent pratiquer du théâtre, du yoga, de la danse, elles réservent leur créneau dans l’une des salles de bal de bois et de lumière, qui servent aussi aux assistantes maternelles. Pour recevoir tout ce monde, ces espaces « multi » sont ouverts tous les soirs jusqu’à 22h.
Adolescent.es
L’effet miroir opère encore entre le coin lecture des enfants (qui peuvent s’amuser dans les gradins et la cabane), et les deux pièces attenantes (équipées de jouets et de cuisines), supervisées elles par la MJC. « On va chercher les enfants à l’école. Ici, c’est leur lieu de vie », commente Karim Makri, chargé de l’animation de proximité à l’Antipode. Dans la bibliothèque, vue sur les arbres, les parents disposent d’un fonds enrichi sur le thème de la famille.
Visible de l’extérieur, l’espace 11-25 ans de la MJC offre billard, baby-foot, jeux et conseils pour se loger ou monter un chantier d’autofinancement. « Une équipe mixte accueille les jeunes, qui sont quasiment autant des garçons que des filles », se réjouit Karim Makri.
C’est une des valeurs de la maison, avec celle du développement durable (voir le potager) : l’égalité femme-homme, qui se concrétise par la parité des équipes comme des artistes invités sur l’une des deux scènes (celle du club, au bar long d’une vingtaine de mètres, et celle de la salle de spectacle d’une capacité de 900 âmes). Les programmateurs veillent également à la diversité des instruments représentés. On l'a dit, ici, pas de discrimination.