Ecrivain, compositeur, interprète, moine bouddhiste, Leonard Cohen (1934-2016) fut surtout poète et homme à femmes jusqu’à l’excès. Il les séduisait avec cette voix du dépressif qui oscille entre la prière et la lamentation. Il y a tout cela dans cette biographie à l’américaine, où tout est dévoilé jusqu’au nom de son professeur de musique à l’école primaire, mais avec un souffle romanesque. Sylvie Simmons connaît la musique. L’auteure de Serge Gainsbourg (Camion blanc, 2009) a mis de la passion dans l’évocation de cet adolescent élevé dans une ambiance messianique, avec un grand-père maternel rabbin et un grand-père paternel cofondateur du premier journal juif de langue anglaise au Canada, le Jewish Times. Leonard a la conviction qu’il deviendra un meneur d’hommes, jusqu’au grand choc esthétique de la découverte des poèmes de Federico García Lorca. Il se rêve alors écrivain. Son premier recueil, Let us compare mythologies, lui vaut l’attention de la critique alors qu’il est encore étudiant à l’université McGill, à Montréal. Mais ses livres ne se vendent pas. Leonard Cohen met de la musique sur ses mots. Et c’est le succès: Suzanne, So long Marianne, Sisters of mercy, I’m your man…
Le chanteur envoûte. "Lorsqu’il chante, on dirait qu’il cherche à vous dévoiler un secret." Mais lequel? Cette enquête montre un artiste qui n’a vécu qu’à travers les mots. A la parution de son roman Beautiful losers (Les perdants magnifiques, 10/18, 1973), le Boston Globe écrivit: "James Joyce n’est pas mort. Il vit à Montréal." Pourtant, il n’a pas reçu le prix Nobel de littérature comme son ami Bob Dylan. Mais il a cette belle biographie. Ce n’est pas mal non plus. L. L.