5 avril > roman Pays-Bas

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Natif de Batavia, aujourd’hui Djakarta, Jeroen Brouwers a été couronné en France en 1995 par le prix Femina étranger pour d’un livre poignant, Rouge décanté (Folio). Un opus où il revenait sur les deux années passées dans le camp de Tjigeng, durant la Seconde Guerre mondiale, et l’occupation japonaise de l’Indonésie néerlandaise. Trois ans après avait suivi le non moins impressionnant Eden englouti (Gallimard). Depuis, le Néerlandais avait gardé le silence. Le revoici avec un âpre roman, Jours blancs.

Le narrateur est un sexagénaire à la retraite qui remplit ses journées en ne faisant rien. Le héros de Brouwers occupe, « à l’instar d’un ermite », une maison blanche au cœur d’une forêt. Forêt où il se promène en comptant les arbres, entouré de silence. « Plus on avance en âge, plus le passé s’étend et plus on a l’impression que la vie consiste en une succession de faillites. Pas uniquement, certaines choses ont marché, mais quand on y réfléchit… », lâche-il.

Notre homme se souvient d’avoir été marié quatre décennies plus tôt avec Mirjam. Il était alors étudiant à la fac, avait l’impression de ne pas s’appartenir, de mener une « inexistence ». D’un enfant il ne voulait pas. Mirjam, pourtant, lui a donné un fils, Nathan. Le couple a fini par divorcer, l’ancien étudiant abandonnant sans regret son rejeton. Des années plus tard, il le retrouve avec les cheveux longs, musicien de rue, flanqué d’une Janis à la peau bistre et aux ongles argentés.

Plus tard encore, c’est à Vienne qu’il le croise, avec les cheveux en brosse et sous le bras un enregistrement du quintette pour guitare n° 9 en do majeur de Boccherini… Avec force, Jeroen Brouwers détaille une relation père-fils pour le moins heurtée et distendue. L’écrivain impressionne par son souffle, sa noirceur, sa prose acérée. Et signe le portrait terrible d’un solitaire qui ne peut s’attacher, qui ne peut donner ni recevoir. Al. F.

11.10 2013

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