Les syndicats estiment qu’entre 100 et 120 postes sont vacants dans les bibliothèques parisiennes. “Ce qui correspond à au moins 15% des effectifs, estime Bertrand Pieri, représentant syndical. Dans celles de Saint-Eloi et de François-Villon, cela peut même atteindre la moitié du personnel.”
Fin du régime dérogatoire
Leurs revendications : “Boucher les trous d’au moins cent postes vacants, sachant que d’un point de vue administratif, ce ne sont pas des créations, car ils sont déjà budgétisés, détaille Bertrand Pieri. Puis pour assurer correctement les missions - de plus en plus nombreuses - et pourvoir les deux nouvelles bibliothèques qui vont ouvrir dans les XIIIe et XIXe arrondissements, on demande à ce qu'au moins cinquante postes soient créés.”
Actuellement, “il y aurait entre trente et quarante recrutements en cours pour combler les postes vacants”, renseigne Guillaume Floris, membre du Comité hygiène et sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui devait présenter son compte-rendu sur le travail du dimanche à Karen Taïeb. “Mais ils nous ont appris que vu la situation sanitaire, la moitié des personnes présentes à la réunion sera en télétravail. On le voit comme un moyen de ne pas se faire interpeller”, interprète le représentant du syndicat Supap-FSU, qui boycottera avec les autres la réunion.
D'autant que le pire reste à venir : au 1er janvier 2022, l’application de la Loi de transformation de la fonction publique fera passer les agents territoriaux au régime de 1607 heures de travail annuel (pour un temps plein). “C’est une perte de huit jours de congés par an”, précise Bertrand Vincent, représentant FO. Une réforme qui a du mal à passer, comme la suppression, rapportent les syndicats, des quinze à quarante-cinq minutes de trajet prévus (et payés) pour le trajet des employés jusqu’à la cantine municipale.
“On ne rend plus un service public de qualité”
“Le manque d’effectifs n’a fait que se dégrader depuis des années”, déplore une bibliothécaire avec dix ans d’ancienneté dans le réseau parisien. Dix ans de “débrouillardise” : “On nous demande d’être polyvalents et de faire beaucoup d’action culturelle alors que nous n’avons ni formation, ni moyens humains. On ne rend plus un service public de qualité”, résume-t-elle, rejointe par une collègue au manteau portant le message “On n’en peut plus ; Le public non plus” : “Depuis un an, on nous demande parfois le matin pour l’après-midi de remplacer un collègue absent dans une bibliothèque du secteur. Je n’ai jamais accepté car je ne saurais pas renseigner convenablement le public sur des collections que je ne connais pas.”
Dans la médiathèque Marguerite-Yourcenar, “les animations pour les tout-petits de décembre et de janvier ont été suspendues, car je suis toute seule à la petite enfance, alors que nous étions trois avant”, affirme une autre manifestante. Avec ses collègues, elle organise des réunions pour déterminer quelles tâches suspendre : désormais, plus personne pour plastifier les livres, ni pour mettre régulièrement de l’ordre dans les rayonnages.
Dans ce contexte, les contraintes liées à l’épidémie de Covid n'arrangent rien : “On est en sous-effectif et on affecte un poste pour demander les passes sanitaires à l’entrée”, grince une manifestante. Des représentants du personnel indiquent que “des agents ont été suspendus depuis la mise en place du passe cet été”. Sans parvenir à donner de chiffres.