Il est signé par Hugues Jallon et Edwy Plenel, respectivement P-DG des éditions La Découverte et directeur du site d’information Mediapart, les deux entreprises cofondatrices. “Les idées et la culture ne planent pas au-dessus de nos têtes, elles s’incarnent, elles vivent dans des institutions qui ne sont pas à l’abri des enjeux de pouvoir, d’argent, de réseaux et d’une certaine tendance à cultiver l’entre-soi”, affirment-ils.
Au sommaire du premier numéro, parmi des enquêtes sur Google et la presse, l’influence de l’argent dans l’art, le pseudo-complot des illuminati, la pop coréenne, les illusions de la NSA sur la collecte massive de données personnelles, la revue analyse la production et les contradictions de deux figures de la vie intellectuelle et éditoriale française.
“La politique éditoriale de Marcel Gauchet est particulièrement révélatrice de ses choix politiques radicalement conservateurs comme de sa stratégie de dissimulation”, assènent Ludivine Bantigny et Julien Théry-Astruc à propos du “philosophe-historien-éditeur”, codirecteur du Débat (revue publiée par Gallimard) et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Auteur de nombreux ouvrages ou essais toujours très commentés, notamment sur la fin du christianisme et le détachement religieux en Occident, Marcel Gauchet ne serait pas “le représentant d’une gauche modérée comme il lui arrive de se présenter lui-même”, mais plutôt un “intellectuel de pouvoir” promoteur d’un “consensus conservateur”.
Nicolas Chevassus-au-Louis démonte pour sa part “la petite usine de Michel Onfray”, philosophe auteur de best-sellers dans un segment de l’édition habitué à des tirages plus confidentiels. L’auteur de l’article reconnaît le vrai succès de l’université populaire créée à Caen qui a fait la réputation de l’ancien professeur de lycée technique, sans aucune connexion au départ avec la vie médiatique parisienne, mais résume son mode de pensée à deux principes : “lire une œuvre philosophique à la lumière de la vie de son auteur” et diviser le monde sur un mode binaire, entre bien et mal, gentils et méchants, etc. Ce qui relève selon Nicolas Chevassus-au-Louis du christianisme violemment dénoncé dans le Traité d’athéologie, publié chez Grasset en 2005 et plus grand succès de Michel Onfray “avec quelque 370 000 exemplaires vendus toutes éditions confondues”.
Diffusée par Interforum, la revue compte environ 160 pages, est vendue 15 euros, et publiera trois numéros par an.