Le géant américain de la littérature Cormac McCarthy, qui connut le succès sur le tard grâce à ses romans emblématiques tels que De si jolis chevaux ou La route, est mort mardi 13 juin à l'âge de 89 ans de causes naturelles, a annoncé son éditeur américain, Penguin Ramdom House. En France, il avait successivement été publié par plusieurs éditeurs : l'Olivier, le Seuil, Points, Actes Sud, ou encore Gallimard.
Chroniqueur de l'Amérique des Appalaches et d'un "Far West" sombre et cruel, McCarthy, dont des romans ont été adaptés par Hollywood comme No Country for old men, couronné aux Oscars, est décédé chez lui à Santa Fe, dans l'Etat du Nouveau Mexique.
Né Charles McCarthy le 20 juillet 1933 à Providence, dans l'Etat de Rhode Island, cet auteur de 12 romans « fut l'un des écrivains les plus renommés et influents de la planète », a salué Penguin Random House.
Reclus dans des motels miteux
« Cormac McCarthy a changé le cours de la littérature », s'est exclamé dans le communiqué le directeur général de Penguin Random House Nihar Malaviya.
Alors que le romancier a rencontré le succès sur le tard, « des millions de lecteurs à travers le monde ont épousé ses personnages, ses thèmes mythiques et les émotions intimes et authentiques qu'il a couchées sur chaque page dans des romans brillants qui resteront à la fois actuels et intemporels pour les générations à venir », a écrit son éditeur.
Premier à réagir, Stephen King s'est incliné sur Twitter devant « peut-être le plus grand romancier américain de (son) temps ».
L'écrivain britannique Robert Macfarlane a cité sur Twitter un passage de son roman favori de McCarthy Méridien de sang (1985) saluant « une plume de fer et une manière de tourner la langue » pour créer « de nouvelles formes » de littérature.
Et le musicien de rock Jason Isbell s'est demandé, également sur Twitter, « combien d'entre nous ont été influencés» par McCarthy? Réponse : « un nombre incommensurable ».
Reclus et détaché des contraintes matérielles - il a longtemps vécu dans des motels miteux -, Cormac McCarthy n'a accordé qu'une poignée d'interviews aux médias.
Dans l'un de ses rares entretiens, en 1992 au New York Times Magazine, McCarty s'était expliqué sur sa vision noire de la condition humaine: « Je pense que l'idée selon laquelle l'espèce humaine puisse d'une certaine manière s'améliorer, que tout le monde puisse vivre en harmonie, est vraiment une idée dangereuse ».
Lire nos deux dernières avant-critiques de Cormac McCarthy :
Cormac McCarthy , "Stella Maris" (Éditions de l'Olivier)
Cormac McCarthy, "Le passager" (Éditions de l'Olivier)
Succès tardif
Méridien de sang (1985), premier opus de la période Far West de Cormac McCarthy, narre les aventures d'un jeune garçon dans la tourmente des années 1840, au moment où le Texas rejoint les Etats-Unis. Ce western apocalyptique, où coulent des rivières de sang, est considéré par certains critiques comme son chef d'oeuvre.
Les années 1990 sont celles de "La trilogie des confins", toujours sur fond de Far West: De si jolis chevaux, Le grand passage et Des villes dans la plaine. Cormac McCarthy, à propos duquel son premier éditeur disait « nous n'avons jamais vendu un seul de ses livres » (aucun de ses cinq premiers ouvrages n'a dépassé 3000 ventes), voit alors ses tirages grimper à plus de 200 000 copies.
Ce succès tardif est conforté par Hollywood. Ce sera d'abord De si jolis chevaux, porté à l'écran en 2000 avec Matt Damon, puis Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme ("No Country for old men"), des frères Coen, qui décroche quatre Oscars en 2008.
L'année précédente, Cormac McCarthy obtient son bâton de maréchal avec le prestigieux prix Pulitzer accordé à La route (2006), récit d'une errance d'un père et d'un fils dans un pays ravagé par un cataclysme d'origine inconnue.
La papesse américaine du petit écran Oprah Winfrey sélectionne ce livre parmi les plus importants de l'année et l'œuvre est rapidement adaptée au grand écran.
Seize ans après La Route, il fait son retour avec Le Passager (2022) et son préquel Stella Maris publié dans la foulée, tous deux en français chez l'Olivier.