14 novembre > Roman Italie > Gian Mario Villalta

L’année de sa mort, Pasolini réunit des articles qu’il adresse à un jeune homme imaginaire : Lettres luthériennes. Un brûlot anticapitaliste qui fustige la collusion entre la gauche et la droite communiant désormais dans "le laïcisme de la société de consommation". 1975 est l’année où le narrateur d’Inferno.com de Gian Mario Villalta et Bosco, le personnage principal du roman de l’auteur et poète frioulan, viennent d’avoir 16 ans. Et consommer, avoir des expériences, ils ne pensent qu’à ça, surtout Bosco. Tout sauf ce destin de "ploucs" qui se répète ad nauseam, conduisant chaque génération à se sacrifier pour la suivante. Le narrateur se souvient d’un dimanche pluvieux dans la petite ville du Frioul-Vénitie julienne, Pordenone, la scène inaugurale de leur mythologie personnelle. Ils étaient de tout jeunes adolescents. Bosco s’abrite dans une cabine téléphonique près d’une borne de taxis. Le narrateur le rejoint dans la cabine, Bosco compose le numéro de la borne et raccroche aussitôt pour le seul plaisir de voir les chauffeurs se faire tremper en allant répondre au téléphone. Fous rires et amitié d’une vie. Le narrateur deviendra écrivain et aussi nègre de Bosco, devenu un riche homme d’entreprise. Ensemble avec un troisième larron, Piva, ils créeront Inferno.com, un cimetière pour animaux de compagnie qui offre grâce à un site Internet une connexion virtuelle avec les chers disparus. Cette "pastorale italienne" est l’âpre fresque d’une Italie passée de la ruralité au consumérisme, du désenchantement et de la forfaiture aussi bien morale que privée.

Sean J. Rose

04.11 2016

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