Gavriel Savit officie habituellement sur la scène de Broadway. Héros de comédies musicales, il apprécie les contes imprégnés de réalisme magique. Anna Lania pourrait être un nom de star. Il n’en est rien, c’est celui de la petite fille née de son imagination. Avec elle, il &bs;passe du feu des projecteurs à l’ombre de l’Histoire.

Le personnage principal de ce livre étonnant n’a que 7 ans, quand la Seconde Guerre mondiale éclate dans son pays natal, la Pologne. Privée de mère, Anna voit son père universitaire déporté vers un lieu inconnu. "Une guerre est une guerre, impossible de soustraire très longtemps une enfant au monde." La fillette, affamée et terrifiée, se retrouve brusquement à la rue. Sa petite robe rouge et blanche tranche avec son désespoir.

Un homme croise sa route par hasard. "Il était grand et extrêmement mince. Son étrangeté était attirante, familière." "Monsieur Hirondelle" est un drôle d’oiseau, qui prend la petite Anna sous son aile. Il se transforme en sauveur, en figure paternelle. Sa sacoche recèle un secret : un chausson de bébé perlé.

Philosophe, il tend les clés du savoir à sa protégée. "Le temps n’est pas à l’espérance. Chercher à le comprendre sans l’aide des enfants, c’est comme faire du pain sans levure." Le duo improbable slalome entre les nazis et les Soviétiques. Il erre dans les bois, toujours aux abois, en n’oubliant pas que "les êtres humains sont le meilleur espoir de survie". Kerenn Elkaïm