En 2018 paraissait Cadence, premier volume des essais autobiographiques d'un joyeux drille épris de musique, de littérature et de cinéma. Journaliste, écrivain, curieux de tous et de tout, Jacques Drillon célèbre dans Coda les figures qui l'ont sauvé de la bêtise, tout en étrillant celles qui ont eu le malheur d'y succomber. Cantatrices, patrons de presse ou journaleux patentés, les voici « moqués ironiquement » et quelquefois tendrement par celui qui fut leur collaborateur, leur spectateur, ou un simple caillou dans leur petit soulier. Prodigue en poil à gratter, Drillon revisite, lucide, les décennies passées au Nouvel Observateur et quelques autres médias, autant d'écoles de la vie où talent et vanité se serrent parfois la main.
Soucieux de se tenir à l'écart de la « course à l'échalote » et de ses corollaires (« le titre, le salaire, le pouvoir »), l'écrivain livre ce que la vie, ce « guichet » devant lequel nous faisons tous la queue, lui a enseigné, sans jamais se croire plus malin qu'un autre. « J'ai donc fait comme tout le monde : la queue. Une fois devant le guichet, j'ai manœuvré comme j'ai pu. » Soit avec finesse, intelligence et sensibilité, autant de qualités que révèle cet éblouissant finale. Décédé le 25 décembre dernier, Jacques Drillon nourrissait une passion pour les listes. Il aurait aimé que l'on ajoute son nom à celle des misanthropes qu'il révérait, comme Céline ou Philippe Muray, dont les écrits traduisent comme les siens la complexité de l'âme humaine.
Coda
Gallimard
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 23 € ; 352 p.
ISBN: 9782072976506