22 novembre > Roman illustré France > Rémi Usseil

En parfait honnête homme du XIXe siècle, l’architecte-archéologue Viollet-le-Duc a restauré, voire largement rebâti quelques fleurons de notre patrimoine médiéval : églises, cathédrales, châteaux… Toute proportion gardée, Rémi Usseil, fou de haut Moyen Age, de mythologie et de fantastique à la Tolkien, est un peu un Viollet-le-Duc d’aujourd’hui. Depuis 2014, avec Berthe au grand pied, suivi des Enfances de Charlemagne en 2015, il mène, aux Belles Lettres, une entreprise littéraire aussi unique que farfelue : compléter La chanson de Roland, hymne à la gloire du preux chevalier, neveu de Charlemagne, mort à Roncevaux en 778 sous les coups des Sarrasins - en fait, des Basques ! - néanmoins repoussés grâce à sa fidèle épée Durendal, tandis qu’il sonnait de l’olifant afin de prévenir l’"empereur à la barbe fleurie" d’accourir à sa rescousse. On a tous appris ça, jadis, à l’école, dans le Mallet & Isaac. Mais avant de devenir ce qu’il fut, et de mourir, Roland (lequel a vraiment existé, nommé Hruodland dans La vie de Charlemagne du chroniqueur Eginhard, Orlando chez l’Arioste, et furioso), a eu une famille, des parents.

Gisèle, la sœur de Charlemagne, et Milon, duc d’Anjou, tombés amoureux fous en leur prime jeunesse, au point de commettre l’irréparable : faire l’amour sans être mariés. Pour éviter le courroux de l’empereur, ils s’enfuient jusqu’en Italie, à Sutre, en Romagne. C’est là que naît Roland, dit Rolandin, le fruit de leur péché. La famille vit en ermite, dans des conditions misérables. Milon est totalement nul, mais il parvient à inscrire son fils dans la meilleure école de la ville, celle de Pierre de Pise. Là, le marmot va faire preuve des plus merveilleuses qualités, tant physiques (il casse la figure à ses condisciples qui le traitent de "loqueteux", "bâtard" ou "fils de putain", terrasse Butor, le géant cannibale et pervers) qu’intellectuelles. Il deviendra "le plus savant de tous les (futurs) chevaliers". Mais pour cela, il aura fallu que Charlemagne, en campagne en Italie, passe par Sutre, et qu’aient lieu leurs retrouvailles.

On n’en dira pas plus, laissant au lecteur le plaisir de savourer ce roman hors du temps, pastiche en prose et en vers des chansons de geste, illustré de miniatures en situation, plein d’humour quand l’auteur y mêle son grain de sel. J.-C. P.

03.11 2017

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