Dans un courrier envoyé le 20 mars, l’association L’Autre livre, qui regroupe 248 éditeurs indépendants, interpelle Franck Riester, ministre de la Culture, sur la situation du livre et des éditeurs.
A la crise sanitaire s’ajoute une crise économique qui touche brutalement le secteur. «
Du fait de la fermeture des librairies et de l’annulation des salons et manifestations publiques autour du livre, nos maisons d’édition voient leurs ventes réduites quasiment à néant », rappelle l’association, consciente que la solution n’est pas dans la réouverture des librairies avant la fin du confinement, comme le suggérait le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, il y a dix jours.
L’Autre livre demande au ministre si les mesures générales prises par le gouvernement (report des charges et des impôts, indemnité de 1500 euros pour ceux qui ont perdu leur chiffre d’affaires, fonds d’aide et facilités de trésorerie...) sont applicables pour les petites maisons d’édition.
Si l'on en croit
la déclaration de Franck Riester vendredi 27 mars, ces mesures sont applicables à tout le secteur culturel, dès lors que l’entreprise respecte les critères et les conditions liées aux décrets et ordonnances signées par le gouvernement.
Communication floue et financements incertains
Cependant, l’association s’inquiète : «
Les modalités concrètes d’application de ces mesures ne semblent pas toutes opérationnelles et beaucoup d’éditeurs ne sont pas informés des démarches à suivre pour en bénéficier. »
«
Nous demandons aussi que le gouvernement intervienne auprès des banques afin que celles-ci tiennent compte de la situation actuelle et fassent preuve de souplesse concernant la gestion des comptes professionnels des éditeurs indépendants et leurs autorisations de découvert », explique l’organisme, espérant que «
les sommes considérables que l’Etat va débloquer pour garantir les emprunts bancaires » n’alimentent pas la spéculation «
mais l’aide à l’activité réelle, y compris dans le secteur culturel et du livre. »
La concurrence d'Amazon et la baisse des tarifs postaux
Par ailleurs, L’Autre livre s’insurge contre le fait que les géants du commerce en ligne, comme Amazon,
« profitent de la situation d’une manière éhontée ». Et de préciser :
« Non seulement ils occupent largement le marché des commandes de livres, mais ils font pression sur leurs salariés et paraissent au-dessus des lois (tant en matière de fiscalité que de droit du travail et de respect des mesures d’urgence sanitaire). » L’association regrette que la vente par correspondance soit l’apanage exclusif de ces groupes alors que des solutions alternatives existent.
Enfin, dans la mesure où la vente par correspondance est le seul lien avec les lecteurs actuellement, selon L’Autre livre, «
il serait urgent de faire droit à une revendication maintes fois réaffirmée par notre association : que le livre bénéficie, à l’instar de la presse depuis la Libération, de tarifs préférentiels en matière postale. Car la lourdeur des tarifs postaux est une charge tout à fait importante pour les différents acteurs de la chaîne du livre et une entrave à la lecture. »