Mona est une petite fille condamnée à perdre la vue. Son grand-père décide de lui faire découvrir les œuvres les plus merveilleuses des musées parisiens pour qu’elle emporte dans sa nuit la beauté du monde. Le roman Les yeux de Mona est signé Thomas Schlesser. Ce professeur d’histoire de l’art, à Polytechnique notamment, et directeur de la Fondation Hartung-Bergman présente ainsi son intention :
« Comme auteur d’essais et comme professeur, j’ai essayé, depuis une vingtaine d’années, de raconter différemment l’histoire de l’art. Je veux à tout prix éviter qu’elle se replie sur elle-même, qu’elle se commente, qu’elle s’enchante d’elle-même dans une sorte d’autoréflexivité mortifère. » Affirmant son credo : « J’ai toujours voulu éviter une histoire de l’art qui ne produise que des considérations esthétiques sur les formes. Je souhaite au contraire qu’elle soit au service de la vie. La fiction et le roman m’ont permis d’aller plus loin dans cette ambition*. »
Une sorte de Monde de Sophie de l’art, à la fois érudit et facétieux, lorsque Mona donne son avis sur l’art le plus contemporain, par exemple. « J’ai essayé de matérialiser en un récit littéraire une phrase fondamentale de l’artiste franco-américain Robert Filliou : “L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art.” Honnêtement, quelle meilleure définition de son pouvoir ? » poursuit l’auteur, ajoutant que cette phrase n’est pas présente dans le livre mais l’irrigue de bout en bout.
Les yeux de Mona est publié aux éditions Albin Michel par Nicolas de Cointet, directeur du département des beaux livres et du développement. « Ce manuscrit unique conjugue des qualités littéraires, romanesques… et pédagogiques, très loin des poncifs habituellement rabâchés sur les chefs-d’œuvre de la peinture », explique-t-il, qualifiant tour à tour le livre d’« original, profond, touchant, extrêmement bien construit et universel ».
Si le succès est au rendez-vous comme il le pressent, il imagine déjà de nombreux prolongements sous forme de beau livre ou de version pour enfants. Et de succès il est déjà question, puisque le livre s’est avéré être la coqueluche de la Foire de Francfort. Vendu dans 24 pays à l’heure où nous écrivons ces lignes, parmi lesquels les États-Unis, la Chine ou le Japon, il a parfois donné lieu à des enchères entre une demi-douzaine de maisons pour un même territoire.
Albin Michel organisant même, toujours à Francfort, un cocktail avec les coéditeurs internationaux et commençant à planifier avec eux une tournée mondiale de l’auteur tout au long de l’année 2024 (Italie, Espagne, Chine, Pays-Bas, Allemagne, etc.).
Et ce bien avant sa sortie en France, le 31 janvier prochain, avec un premier tirage d'au moins 30 000 exemplaires.
Cette édition disposera même d’une jaquette hors norme, puisqu’elle se déplie pour présenter les 52 chef-d’œuvres que l’on découvre dans le livre. Démontrant comme l’affirme d’auteur que « dans l’infiniment petit d’un tableau de Vermeer (…) palpite l’incommensurable grandeur dont nous sommes capables. Les musées sont les lieux de ces miracles à portée de main. Ce roman, j’espère, en entrouvre un peu les portes. »
* Propos recueillis par Virginie Luc pour Albin Michel.