Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

On ne l’attendait plus, et pourtant : ce n’est pas seulement une, mais deux émissions qui, à partir de cet automne, s’essaient à la mise en valeur du livre pour la jeunesse à la télévision. Avec pour chacune 26 épisodes de 7 minutes, La cabane à histoires (Piwi+, depuis le 5 novembre) et Yétili (France 4 et France 5, à partir du 4 décembre) visent toutes deux les 4-7 ans. Un événement depuis l’éphémère et solitaire expérience d’En route pour l’aventure, il y a une bonne vingtaine d’années. Car force est de constater que, hors de la presse spécialisée jeunesse, la critique de livres pour enfants reste réduite à la portion congrue dans la presse comme dans les médias audiovisuels. Tout juste a-t-elle fait une timide percée sur Internet, tandis que Livres Hebdo traite d’un livre jeunesse par semaine depuis octobre 2015.

L’album pour enfants pâtit toujours, comme l’album de bande dessinée, de la faible reconnaissance du dessin et du graphisme en France, où seule la peinture est jugée noble. Quant à la littérature pour adolescents, qui ne se réduit plus depuis longtemps au pur divertissement et explore souvent des voies qui la rapprochent de la littérature "adulte" la plus exigeante, elle demeure totalement méconnue. En outre n’a pas émergé jusqu’à présent dans la presse une génération de journalistes et de critiques aptes à porter un regard expert sur l’un ou sur l’autre.

Certes, comme la bande dessinée au moment du Festival d’Angoulême, le livre pour la jeunesse bénéficiera dans les jours qui viennent, à l’occasion du Salon du livre et de la presse jeunesse qui s’ouvre mercredi 30 novembre à Montreuil, d’une belle exposition dans la presse, à la radio et à la télévision. Mais plus encore que la bande dessinée, elle sera évacuée des pages des journaux et des antennes des médias audiovisuels à peine retombée la fièvre de la manifestation. Tout doit être tenté pour faire entendre que le succès économique d’un secteur qui s’est imposé de longue date comme la locomotive du marché du livre ne repose pas seulement sur des blockbusters anglophones, mais avant tout sur une créativité qui a besoin d’être largement soutenue pour se déployer.

25.11 2016

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