Pouvez-vous expliquer comment est née l'idée de cet "appel à contribution" ?
En tant qu'éditeur, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour que cette polémique ne conduise pas seulement à une radicalisation de deux camps déjà bien constitués. Il m'a semblé que la seule chose à faire était de donner la parole aux principaux et principales intéressées : les traducteurs et traductrices.
Comment le projet va se mettre en place ?
Avec beaucoup de souplesse. J'attends de voir quelle sera la réaction des traducteurs et, selon leurs retours, nous définirons les contours de la publication, son format en particulier. Je souhaite vraiment partir de leur parole ; et si ce projet ne répond pas à un besoin, et bien tant pis. Mais j'ai déjà eu quelques retours qui me font penser qu'il y a bien un intérêt pour une prise de parole directe, libre et donnant l'espace à la réflexion. On ne construit pas une pensée à coup de tweets ou de posts sur Facebook. On trouve des opinions, oui (souvent radicales, d'ailleurs), mais des pensées nuancées, pas souvent.
Qui peut vous envoyer sa contribution (auteurs, traducteurs, éditeurs...) ?
L'idée de départ était de donner la parole aux traducteurs. Mais encore une fois, le projet évoluera en fonction de l'intérêt des personnes qui souhaiteront y contribuer. Qu'un éditeur prenne la parole sur ce sujet peut-être très intéressant... A fortiori un ou une auteure... Cela m'ennuierait, en revanche, que les principaux intéressés soient minoritaires dans les contributions finales.
De quelle manière se fera la sélection parmi les différents textes reçus ?
Il faut bien sûr que le projet reste "gérable" en termes de production éditoriale. Je demande aux personnes intéressées de me faire parvenir une présentation courte de leur contribution, ce qui permet déjà d'en discuter ensemble. Il y a aussi un délai de rendu, qui est fixé à l'été. Même si la publication ne se fait qu'en format Epub (ce qui n'est pas décidé, je tiens à l'aspect évolutif du projet), il y a des règles et des contraintes de production à respecter. L'importance pour moi, c'est d'éviter l'outrance, l'invective et les attaques stériles. Et j'aimerais bien entendu, faire entendre la diversité des avis sur cette question.
Comptez-vous veiller à avoir des personnes aux profils et parcours différents ?
Oui, c'est un des objectifs. J'irais probablement solliciter des personnes si je vois que la pluralité des points de vue n'est pas assez respectée.
Avez-vous des inquiétudes concernant la perception de ce projet par le public ?
Les questionnements sont bien souvent légitimes ; on peut aussi comprendre l'émotion qui les entoure. Mais il faut que ces questionnements n'empêchent pas l'expression d'autres points de vue. Je ne cherche surtout pas à créer ou à renforcer des camps, qui seraient à couteaux tirés l'un contre l'autre. Il s'agit ici de construire des espaces de rencontre et de dialogue dans le domaine du possible. Ce n’est pas faire le choix de la mollesse : c’est même, au contraire, dans nos sociétés clivées à l’extrême, une position extrêmement dure à tenir.